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Bioénergétique : composés " riches en énergie "
Composés à liaison phosphate
ATP (adénosine triphosphate)
Vue d'ensemble et hydrolyse

Sommaire
définition

L’ATP (adénosine triphosphate) est un composé " riche en énergie " qui fournit l'énergie nécessaire à de nombreux processus biologiques grâce à son hydrolyse, mais a aussi d'autres fonctions.

Les composés " riches en énergie " sont des composés chimiques comportant une liaison chimique très facilement hydrolysable, et dont l'hydrolyse est accompagnée d'une très forte diminution d'énergie libre.

L'ATP est un composé à liaison phosphate qui comprend d'autres classes chimiques.

Vue d'ensemble des nucléotides " riches en énergie "

1. Les nucléotides sont composés :

2. Les nucléosides diphosphates (NDP) et triphosphates (NTP) sont des polyacides forts qui peuvent libérer 3 ou 4 protons (acides polyprotiques), i.e. qui modifient l'état thermodynamique du système.

3. Les NDP et NTP comprennent :

a. une liaison phosphoester (ou ester phosphate) qui relie le phosphate α à l'oxygène 5' du ribose ou du désoxyribose.

L'hydrolyse de cette liaison phosphoester libère - 3 500 cal.mole-1.

b. une ou deux liaisons phosphoanhydride (ou pyrophosphate) qui relient les phosphates α et β et β et γ.

L'hydrolyse de ces liaisons libère - 7 300 cal.mole-1 (ou 30 500 J.mole-1, car 1 cal = 4,1855 J).

bien

L'ATP ou adénosine triphosphate est la principale source d'énergie de la cellule.

Toutefois, d'autres nucléotides triphosphates font partie de ces composés " riches en énergie " comme :

Hydrolyse de l'ATP

L'ATP ou adénosine triphosphate est composé comme tous les nucléosides triphosphate par :

Liaison phosphoanhydride
(ou pyrophosphate)

Les liaisons phosphoanhydrides (ou pyrophosphates) relient les phosphates α et β et β et γ, i.e. les phosphates sont désignés depuis le ribose en allant vers l'extérieur.

bien

L'hydrolyse de la liaison phosphoanhydride terminale est un processus hautement exergonique.

$\ce{ATP + H2O}$ $\longrightarrow$ $\ce{ADP + Pi}$

1. La valeur admise actuellement pour $\ce{\Delta G'0}$ (loupeénergie libre ou énergie de Gibbs) lors de l'hydrolyse de la liaison phosphoanhydride terminale est d'environ 7,3 kcal.mole-1 ou 30,5 kJ.mole-1.

Il est très vraisemblable que cette valeur soit différente, sans doute plus élevée.

  • Elle dépend des concentrations locales en ATP, en ADP, en phosphate et en Mg++, et du pH.
  • Plus les concentrations des différents composants sont en équilibre, plus grande sera la valeur absolue du changement d'énergie libre de Gibbs.

2. Dans les conditions standard, i.e. les concentrations en ATP, ADP et Pi étant égales à 1M, la concentration en eau à 55M, la valeur de $\ce{\Delta G'0}$ est comprise entre -28 et -34 kJ / mol.

Hydrolyse de l'ATP
Hydrolyse de l'ATP
(Figure : vetopsy.fr)

Exergonie de l'hydrolyse

Soit l'hydrolyse de l'ATP (loupeles quatre types de scission de l'ATP) :

$\ce{ATP + H2O}$ $\longrightarrow$ $\ce{ADP + Pi}$

bien

Cette réaction est catalysée par les ATPases , qui sont classées en plusieurs types, étudiées dans des chapitres spéciaux.

1. Par suite de la présence de charges négatives partielles des oxygènes des liaisons $\ce{P=0}$, les phosphores de la chaîne acquièrent une charge partielle positive, qui tend à entraîner une répulsion entre les atomes de phosphore, i.e. cela favorise l'hydrolyse de l'ATP.

Les quatre types de scission de l'ATP
Les quatre types de scission de l'ATP
(Figure : vetopsy.fr)

a. À pH 7, les 3 restes phosphoriques sont ionisés, et l'ATP possède donc 4 charges négatives qui se repoussent fortement.

  • Ces groupes phosphate ont une stabilisation par résonance limitée car les électrons sont en partie entravés dans les liaisons entre phosphates.
  • La résonance est un concept qui explique comment une molécule peut répartir ses électrons sur plusieurs atomes pour être plus stable.

b. Cette répulsion électrostatique dépend du pH.

Les pKa (logarithme de la constante d'acidité) de l'ATP et des produits de son hydrolyse, ADP ou AMP, sont de 6 et de 7, ce qui favorise son hydrolyse.

2. L'ATP a la capacité de former facilement des complexes avec des ions métalliques divalents (loupechélation des ions métalliques), en particulier avec les ions magnésium (Mg++), qui sont abondants dans le milieu intracellulaire (The effect of magnesium ions on triphosphate hydrolysis 2017).

a. Les ions Mg++ permettent de neutraliser partiellement les charges négatives portées par les groupements phosphate de l’ATP, i.e. le complexe ATP/Mg++ est thermodynamiquement plus stable que l'ATP libre.

Coordination de Mg++ avec l'ATP
Coordination de Mg++ avec l'ATP
(Figure : vetopsy.fr d'après Parke et coll)

Dans la plupart des réactions enzymatiques, l’ATP n’est actif que sous forme de complexe ATP-Mg++, i.e. complexe reconnu par les enzymes (ATP Hydrolysis in Eg5 Kinesin Involves a Catalytic Two-water Mechanism 2010).

b. Mg++ joue alors plusieurs rôles :

  • positionner l’ATP correctement dans le site actif des enzymes (loupe sites de liaison aux nucléotides de l'ATP synthase).
  • participer à l'hydrolyse en facilitant la rupture de la liaison phosphate par l'activation d'une molécule d’eau en la polarisant, facilitant ainsi son attaque nucléophile sur le groupe γ-phosphate,
  • stabiliser l’état de transition, i.e. conformation intermédiaire instable de l’ATP au moment de la rupture de la liaison au cours de la réaction enzymatique.

3. Après hydrolyse, les produits de réaction, ADP et phosphates, sont tous deux chargés négativement, i.e. n'ont pas tendance à se recombiner.

a. Le phosphate a plusieurs formes de résonance, i.e. les liaisons P=O et P–O- peuvent se déplacer grâce aux doublets libres des oxygènes, ce qui répartit la charge négative sur plusieurs atomes d’oxygène.

  • On dit qu'il y a délocalisation des électrons, et plus il y a de formes de résonance, plus l’ion est stable.

Pi ($\ce{HPO4^-- }$) a 4 formes de résonance à pH 7, qu'on peut simplifier en attribuant la double liaison à chaque oxygène à tour de rôle, mais en réalité, le phosphate est un hybride de ces quatre formes, ce qui signifie que la charge négative n’est pas localisée sur un seul oxygène, mais répartie équitablement entre tous.

  • Donc, la rupture de la liaison qui libère ce Pi est plus favorable thermodynamiquement, ce qui rend la réaction plus exergonique (ΔG°' très négatif), i.e. ADP + Pi est plus stable que l'ATP.
bien

La stabilité de Pi est un facteur majeur qui rend l’hydrolyse de l’ATP très favorable énergétiquement.

b. En outre, après hydrolyse, Pi et ADP présentent des charges négatives plus exposées, ce qui favorise leur hydratation par une enveloppe de molécules d’eau formant des liaisons hydrogène (solvatation).

Cette solvatation contribue à réduire les répulsions électrostatiques entre charges, ce qui les rend plus stables du point de vue thermodynamique.

Impact acido-basique de l’hydrolyse de l’ATP

En raison des propriétés acide-base de l'ATP, de l'ADP et du phosphate inorganique, l'hydrolyse de l'ATP a pour effet d'abaisser le pH du milieu réactionnel par la libération d'un proton.

$\ce{ATP^4- + H2O}$ $\longrightarrow$ $\ce{ADP^3- + HPO4^2− +H+}$

  • Lors d’efforts intenses, i.e. exercice anaérobie, on assiste à une forte hydrolyse de l’ATP, et l'accumulation de lactate, car les besoins énergétiques de la contraction musculaire dépassent le plus souvent les capacités de la mitochondrie à produire de l'ATP par la phosphorylation oxydative.
  • Ce processus contribue à l'acidose lactique. une acidose lactique, i.e. baisse du pH intracellulaire
bien

La glycolyse anaérobie est étudiée dans un chapitre spécial.

Dissipation de chaleur de l'hydrolyse

Chez l'homme, environ 60 % de l'énergie libérée par l'hydrolyse d'une mole d'ATP produisent de la chaleur métabolique plutôt que d'alimenter les réactions réelles, ce qui est essentiel du point de vue physiologique.

bien

Cette dissipation thermique, bien que représentant une perte d’énergie, est en réalité essentielle à la survie.

1. L’énergie libérée sous forme de chaleur contribue à maintenir la température interne stable (loupe homéothermie).

Cela est vital pour que les enzymes et les réactions biochimiques fonctionnent dans des conditions optimales.

2. Le corps ne peut pas utiliser toute l’énergie chimique directement dans des réactions mécaniques ou chimiques.

Une partie de l’énergie est inévitablement perdue sous forme de chaleur à cause de l’inefficacité des processus biologiques.

3. La chaleur produite participe aussi à la régulation des activités métaboliques et à la thermorégulation, comme la transpiration ou le frisson.

Production de l'ATP

On distingue deux sortes de phosphorylations de l'ADP en ATP (loupe production de l'ATP).

1. La phosphorylation au niveau du substrat est la phosphorylation par transfert direct d'un groupe phosphate sur l'ADP pour former de l'ATP.

Elle intervient aussi au niveau du cycle de Krebs.

2. La phosphorylation oxydative est le processus permettant la phosphorylation de l'ADP en ATP grâce à l'énergie libérée par l'oxydation des donneurs d'électrons de la chaîne respiratoire.

Cette oxydation est rendue possible par les donneurs d'électrons NADH/FADH2 produits majoritairement par le cycle de Krebs.

bien

Tous ces processus sont longuement étudiés dans des chapitres spéciaux.

Rôles de l'ATP