Développement comportemental
Déterminants du comportement : facteurs génétiques et épigénétiques

Citation

« Chaque être est censé avoir une personnalité unique, être ce qu'aucun autre ne peut être exactement, et faire ce qu'aucun autre ne peut faire exactement. »

William Ellery Channing

Remerciements

Je voudrais remercier Magali Hay (docteur vétérinaire et docteur es-sciences) pour m'avoir autorisé à insérer une partie de son cours (obtention du diplôme de vétérinaire comportementaliste - Toulouse - 2000)

Sommaire

Le développement comportemental permet à l'animal de développer des compétences pour pouvoir mener une vie sociale parfaitement adaptée à son espèce.

Inukshuk
Inukshuk (empilement de pierres)
(Photo : creativecommons.org/James.pratley)


L'absence d'acquisition de certaines de ces compétences provoquera des troubles comportementaux majeurs (troubles du développement comportemental).

Les comportements, comme les organismes, se construisent, se perfectionnent et évoluent au cours du développement de l'individu. Ce processus s'appelle ontogenèse des comportements.

L'ontogenèse peut être définie comme le processus par lequel un individu se développe et change au cours de sa vie.


Par ontogenèse d'un comportement, on entend l'élaboration, le perfectionnement ou l'évolution de ce comportement au cours du développement de l'individu, c'est-à-dire depuis sa conception jusqu'à sa mort.

Les éthologues pensent que les animaux se comportent de telle manière car « certains mécanismes les poussent à agir ainsi. Ils sont prédisposés, par sélection naturelle, à se comporter de cette façon parce que le comportement remplit une certaine fonction qui est importante pour leur survie et leur reproduction. » David McFarland

Déterminants du comportement


Les facteurs impliqués dans l'ontogenèse d'un comportement, c'est-à-dire les facteurs qui lui confèrent ses caractéristiques propres le différenciant des autres comportements sont appelés déterminants du comportement.


Ces déterminants sont habituellement classés en deux catégories :


L'épigénèse a changé de signification au cours des siècles (définitions de l'épigénèse).

S'il est aujourd'hui communément admis que les facteurs génétiques et les facteurs épigénétiques interviennent de façon conjointe dans l'ontogenèse des comportements, tel n'a pas toujours été le cas.

1. Le courant des éthologistes classiques, tels Konrad Lorenz (1903-1989) et Nikolaas Tinbergen (1907-1988), pense que les comportements résultent de la sélection naturelle, chère à Charles Darwin (1809-1882).

  • La sélection naturelle a façonnés les comportements de telle sorte qu'ils soient parfaitement adaptés au mode de vie des espèces étudiées (théorie de l'évolution des espèces).
  • Or, qui dit sélection naturelle dit hérédité : les comportements sont sous-tendus par des bases génétiques.
Affiche de film
Affiche du film " Instincts meurtriers "
(Philip Kaufman - 2004 -)

2. Le courant des behavioristes, tels Edward Thorndike (1874-1949), John Broadus Watson (1878-1958) et Burrhus Frédéric Skinner (1904-1990), a une toute autre approche.

  • Ces psychologues comparatistes mettent en avant le rôle de l'environnement et de l'apprentissage dans la mise en place et l'évolution des comportements au cours de la vie des individus.
  • Or, qui dit apprentissage implique que les comportements sont sous-tendus par des bases épigénétiques.

La photo ci-contre peut s'expliquer par la controverse qu'a développée un homme politique (Nicolas Sarkozy en 2007) sur la prise en charge des enfants hyperactifs ou des pédophiles. « J’inclinerais pour ma part à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie-là. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que génétiquement ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense ».


Cette vision a entraîné de nombreuses controverses dont celle, obsolète à l'heure actuelle, de la querelle de l'inné et l'acquis, selon que les scientifiques privilégiaient la génétique ou l'épigénétique.

Cette querelle a empoisonné l'éthologie pendant de longues années, mais elle a permis un brassage important des idées, aboutissant à la synthèse de ces deux conceptions, c'est-à-dire à la reconnaissance que les facteurs génétiques et environnementaux (épigénétiques) interviennent de concert dans l'ontogenèse des comportements.

Associations entre facteurs génétiques et épigénétiques


« La constitution du monde de chaque animal est soumis à la double contrainte génétique et épigénétique. » Boris Cyrulnik

Développement comportementalFacteurs génétiquesFacteurs épigénétiques
Périodes de développement comportemental du chien et du chat
Période prénatalePériode néonatalePériode de transition
Période de socialisation Période juvénile
Développement comportemental du chienDéveloppement comportemental du chat
Troubles du développement comportementalPrévention des troubles

Bibliographie
  • Hay M. - Ontogenèse des comportements - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Scott J.p., Fuller J;L; - Genetics and the Social Behavior of Dogs - University of Chicago Press, Chicago, 468 P; 1965
  • Vaysse G., Médioni J. - L'emprise des gènes et les modulations expérentielles du comportement - Bios, Université Paul Sabatier, Privat, Toulouse, 1982
  • McFarland D. - Le comportement animal, psychobiologie, éthologie et évolution - De Boeck Université, Bruxelles, 613 p., 2001
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990
  • Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M. - Psychobiologie  - DeBoeck Université, Bruxelles, 849 p., 1998