Conditionnement classique
Vue d'ensemble

Citation

« L'universalité de l'apprentissage suffit à montrer que l'animal n'est pas mû par ses seuls instincts. »

Jean Guitton

Remerciements

Je voudrais remercier le Professeur J.M. Giffroy (Université de Namur, Belgique) pour m'avoir autorisé à insérer la majeure partie de ses cours dispensés à l'école nationale vétérinaire de Toulouse en 2000 pour l'obtention du diplôme de vétérinaire comportementaliste.

Sommaire

Le conditionnement classique est aussi appelé :

Dans le conditionnement répondant, l'activité est une réponse de l'animal (salivation du chien) à une stimulation. Dans le conditionnement opérant, l'animal lui-même doit effectuer un comportement (par son action sur le levier, le rat obtient de la nourriture).

  • conditionnement de type I (1917).


Il est à la base de l'apprentissage par association : l'animal met en relation deux événements qui se manifestent indépendamment de son comportement.


L'animal associe un stimulus nouveau ou stimulus neutre, symbolisé SN, à un stimulus connu ou stimulus inconditionnel, symbolisé SI, et il y réagit de la même manière
.

  • Il s'agit donc du transfert de la réponse d'un stimulus familier à un stimulus nouveau, d'une association S-S.
  • Lorsque le stimulus neutre est associé au stimulus inconditionnel, il devient un stimulus conditionnel, symbolisé SC.

Un stimulus est un agent externe, objet, événement, aspect, changement d'aspect, susceptible d'influencer le comportement du sujet (d'apr. Piéron 1973 et Thinès-Lemp. 1975).

Le mot " stimulus " vient du latin " aiguillon " et précède une réponse comportementale.

Expérience de Pavlov

Description de l'expérience

Citons l'exemple classique du chien d'Ivan Petrovitch Pavlov (1849-1936) soumis à un conditionnement salivaire.

En voici les différentes étapes :

Expérience de Pavlov1. Quand on place un récipient plein de nourriture (stimulus inconditionnel ou SI) devant un chien, celui-ci salive (réponse inconditionnelle ou RI).

La liaison stimulus inconditionnel (SI) - réponse inconditionnelle (RI) est permanente.

Elle est régie par la " nature " du chien, c'est-à-dire par les lois de sa physiologie, d'où la dénomination de répondant donnée à ce conditionnement.

2. Un peu avant de présenter la nourriture, on actionne une sonnerie ou un métronome (stimulus neutre ou SN). Le chien oriente ses oreilles en direction de l'origine du son (réponse d'orientation).

3. Après un certain nombre d'exercices semblables, on constate que la sonnerie (devenue stimulus conditionnel ou SC) entraîne la salivation (devenue réponse conditionnelle ou RC), avant même que n'apparaisse la nourriture.

D'autres situations expérimentales peuvent être imaginées. Citons le conditionnement classique cardiaque par lequel un signal lumineux, annonçant un choc électrique, est suivi d'une accélération (ou d'une diminution, dans certains cas) de la fréquence cardiaque.

Conditions expérimentales

Le SI (nourriture) doit être administré immédiatement ou dans un délai très bref à la suite du SN (sonnette), suivant la loi de la contiguïté temporelle.

  • Si le SN est présenté après le SI ou à la fin de sa présentation, l'association entre les deux ne se fait pas.
  • L'apparition de la réponse, en cours de conditionnement, est de plus en plus précoce : l'animal anticipe plus en plus (processus d'anticipation).
  • En fin de conditionnement, la réponse apparaît avant que le SI ne soit présenté.

Lorsque le SN (stimulus neutre) est devenu un SC (stimulus conditionnel) la réponse inconditionnelle, symbolisée RI, est devenue une réponse conditionnelle, symbolisée RC.

Le SI est appelé renforçateur dans la terminologie pavlovienne.

Avant
conditionnement


Stimulus inconditionnel


Réponse inconditionnelle


Stimulus neutre


Pas de réponse
Au début du
conditionnement


Stimulus neutre


Stimulus inconditionnel


Réponse inconditionnelle
Après
conditionnement


Stimulus conditionnel


Réponse conditionnelle


Stimulus inconditionnel


L'animal apprend à répondre à un stimulus qui lui est indifférent, de la même manière qu'à un stimulus qui entraîne chaque fois la réponse désirée.

Cependant, la liaison établie par le conditionnement peut être temporaire : elle cesser en effet de se manifester si le SI n'est pas présenté (loi de l'extinction).

Le conditionnement classique peut être caractérisé par un certain nombre de mesures quantitatives :

  • l'intensité de la réponse (quantité de salive produite) ;
  • le temps de latence, c'est-à-dire, le délai entre la présentation du SC et l'apparition de la réponse ;
  • le nombre SI administrés avant que la première RC n'apparaisse ;
  • le rapport entre le nombre de présentations du SC et le nombre de réponses obtenues.

Contrairement aux réponses apprises du conditionnement opérant, les réponses apprises par conditionnement classique mettent souvent en oeuvre :

  • la sécrétion des glandes et la musculature lisse des viscères.

Elles sont involontaires et d'ordre physiologique (salivation, éjection du lait, sécrétion d'insuline, vomissement, piloérection, variation de la pression sanguine ou du rythme cardiaque...) ;

  • des réflexes (flexion du membre postérieur, fermeture de la paupière, réflexe rotulien...).

Exemples

La vie quotidienne nous montre de nombreuses applications de ce type d'apprentissage pavlovien.

Mal des transportC'est par conditionnement classique qu'un chiot vagotonique vomit dès qu'on le place dans une voiture, avant même que celle-ci ne se mette à rouler.

On peut apprendre à un chien à éternuer (RC) en associant un commandement verbal (SC) avec le chatouillement de la muqueuse nasale au moyen d'une plume (SI). C'est le conditionnement classique qui est mis en oeuvre.

Le conditionnement classique peut être utilisé pour apprendre à un chien à déféquer à un endroit approprié.

  • On sait que la réplétion gastrique provoque une augmentation de la motricité du gros colon et du rectum qui entraîne à son tour la réplétion rectale, puis le relâchement des sphincters anaux et donc la défécation. La défécation (RI) est entraînée par la réplétion gastrique (SI) par réflexe gastro-colique.
  • Si on sort le chien immédiatement après chaque repas, la promenade (SN) devenant (SC) sera associée à la réplétion gastrique (SI) et sera suivie par la défécation devenue RC.

Il est possible d'apprendre par conditionnement classique à un chien à déféquer sur commande. Lorsqu'on fait sortir l'animal, le SC « Dépêche toi ! » est présenté au moment où la séquence comportementale de l'élimination débute, c'est-à-dire, au moment où le chien flaire le sol à la recherche d'un endroit adéquat.


En conditionnement opérant,

  • c'est par conditionnement classique qu'un stimulus neutre devient un renforcement secondaire par association avec un renforcement primaire ;
  • par le même procédé, un SN devient un stimulus discriminatif secondaire s'il est associé à un stimulus discriminatif primaire. Les exemples de ce genre d'associations sont très nombreux.

ApprentissageDifférentes formes d'apprentissageConditionnement classique
Différents types de CCLois du CCRéactions émotionnellesNeurobiologie du CC
Conditionnement opérantRenforcementsPunitionsHabituationSensibilisationImprégnationApprentissage par imitationApprentissage par observation
Apprentissage latentApprentissage par intuitionApprentissages complexes

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'apprentissage et ses applications - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000