Approche comportementale du vétérinaire comportementaliste
Comportement " normal " et séquence comportementale

Citation

« La folie, c'est se comporter de la même manière et s'attendre à un résultat différent. »

Albert Einstein

Sommaire


Nous, vétérinaires comportementalistes, définissons un comportement suivant un modèle cybernétique : nous avons une vision plastique et dynamique des comportements.

Cette vision comportementale, dérivée de l'éthologie cognitive, est appelée éthologie clinique.

Contrairement aux éthologistes classiques ( infos) qui réduisent les comportements en item comportementaux les plus simples possibles - action pattern - et décrivent des séquences comportementales (behavior pattern) relativement complexes, nous avons une vision des séquences comportementales plus transposables en éthologie clinique.

Notion de séquence comportementale

Chien à l'arrêtReprenons l'exemple de la prédation ( infos).

L'animal est au repos (état initial).

Le stimulus d'hypoglycémie (faim) augmente sa vigilance qui perturbe son état initial (modification de l'homéostasie) et entraîne les consignes des actes moteurs de la chasse : la présence d'une proie potentielle a une forte intensité d'évocation ( infos).

Le rôle des expériences passées est primordial : l'espèce de la proie doit être connue du prédateur qui l'a déjà chassé et mangé. Certains chats ne chassent, par exemple, que les oiseaux et non les rongeurs : cet apprentissage est un apprentissage par imitation ( infos) initié par la mère.

Phase appétitive

Braque rapportant un faisanLa phase appétitive, dans ce cas, approche, attaque et mise à mort de la proie, modifie le stimulus initial (proie vivante) en un autre stimulus (proie morte) qui prépare et déclenche l'acte central de la séquence comportementale.

Les éthologues appellent cette phase les comportements appétitifs (appétence ou comportement d'appétence).


Immelmann les décrit ainsi : « comportements de recherche, aspirations actives vers une situation stimulante déclenchante… qui tendent vers l'exécution d'un acte consommatoire ou la rencontre d'un individu, d'un objet ou d'un endroit. »

Ce sont des comportements exploratoires (orientation, positionnement…) souvent acquis par apprentissage par imitation ( infos).

Par exemple, chez les félins, les parents apprennent aux petits à chasser en ramenant des proies vivantes pour qu'ils puissent apprendre à les attraper et à les tuer.

Caméléon à: l'affûtCertains comportements appétitifs sont :

  • locomoteurs sont sans " but précis " et concourent tout de même à atteindre un but de manière aléatoire ;
  • non locomoteurs : c'est le cas des animaux qui se camouflent pour attendre leurs proies, comme la mante religieuse ou le caméléon.


Ces comportements, qui peuvent durer longtemps, n'influencent en aucune façon la motivation ( infos).


Les éthologistes sont partagés sur le fait de savoir quels sont les comportements qu'on peut définir d'appétitifs dans les comportements complexes.

Merlette construisant son nidDavid MacFarland décrit le comportement de la construction du nid chez le merle qui nécessite plusieurs sortes de brindilles (longues et courtes) pour la base et les bords et de la boue et des poils pour le fond.

  • Est-ce que la recherche de chaque brindille est un comportement appétitif pour le placement dans le nid qui serait le comportement consommatoire ?
  • Est-ce tous les allers-retours sont considérés comme des comportements appétitifs dont le comportement consommatoire serait la construction du nid ?


Nous, vétérinaires comportementalistes, considérons que ce qui précède le comportement consommatoire, appelé, chez nous, phase consommatoire et acte central du comportement décrit, est la phase appétitive de la séquence comportementale.

Phase consommatoire

La phase consommatoire, acte consommatoire des éthologues et acte central de la séquence comportementale, dans ce cas, l'ingestion de la proie, permet la satisfaction de la motivation (ici, la faim).

Ces phases consommatoires sont souvent plus stéréotypées que les phases appétitives façonnées, en règle générale, par l'expérience.


Dominant mangeant Immelmann décrit l'acte consommatoire ainsi : « coordination motrice héréditaire sur laquelle débouche une séquence de comportements appétitifs. »

Au départ, Charles Scott Sherrington (1857-1952) et Wallace Craig (1876-1954) pensaient que l'acte consommatoire épuisait une sorte d'énergie " interne " d'où les phases suivantes (phase de stabilisation et phase réfractaire) en se référant aux potentiels d'actions des neurones. Cette énergie se reconstituerait ensuite progressivement et le cycle recommencerait selon le modèle hydraulique ( infos).de Konrad Lorenz (1903-1989). Nous savons, à l'heure actuelle, que la motivation dépend de très nombreux facteurs ( infos).

La phase consommatoire peut également être la phase appétitive d'un autre comportement !

Un animal qui a mangé peut avoir soif.


Chien au repos Nous, vétérinaires comportementalistes, considérons que la phase de stabilisation, suivie par le signal d'arrêt, ramène l'animal à l'équilibre (animal au repos).

Nous, vétérinaires comportementalistes, considérons que la phase consommatoire est l'acte central du comportement étudié.

Phase de stabilisation ou de satiété



Nous, vétérinaires comportementalistes, considérons que la phase de stabilisation, suivie par le signal d'arrêt, ramène l'animal à l'équilibre (animal au repos).

Dans ce cas, c'est la satiété qui découle de l'ingestion.

Par contre, l'animal peut encore ingérer de la nourriture et comme dit MacFarland : « La satiété n'est pas le degré zéro de la faim ! »

C'est pourquoi, il ne nous semble pas opportun de décrire, comme en neurophysiologie, une phase réfractaire pendant laquelle un comportement identique n'est plus possible.

Que déduisons-nous de la structuration de cette séquence comportementale ?

1. Tout le long de la séquence comportementale, le stimulus initial est modifié : dans ce cas, proie vivante, proie morte, aliment.


Le déclenchement de chaque phase est dépendant de l'exécution de la phase précédente.


Spirale2. A chaque étape de la séquence, une régulation peut intervenir en fonction des événements.

Pour reprendre l'exemple précédent, si la proie fait le mort, le processus de chasse peut s'arrêter là ( infos).


Le processus de déroulement de la séquence comportementale est complexe et tributaire d'un développement comportemental satisfaisant
.

3. Enfin, la présence d'un signal d'arrêt est essentielle.

Si l'animal ne l'intègre pas dans sa séquence, il tournera en boucle, comme dans le cas des animaux hyperactifs (syndrome Hs-Ha : hypersensibilité-hyperactivité) qui ne s'arrêtent jamais ou presque.


Le signal d'arrêt est un des points-clef du développement comportemental ( infos).

Déstructuration de la séquence comportementale

Notion de comportementBehaviorismeEthologie objective
Questionnement de TinbergenEthologie cognitiveComportement normal
HoméostasieEtat réactionnelSéquence comportementale
Comportement pathologiqueConsultation comportementale

Bibliographie
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990
  • Pageat P. - Pathologie du comportement du chien, Editions du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort, 384 p., 1998
  • Gheusi G. - La cognition animale - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires - Toulouse 2000
  • Gaultier E - Les différentes approches du comportement - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires - Toulouse 2000