Punitions
Vue d'ensemble

Citation

« Méfiez-vous de tous ceux en qui l'instinct de punir est puissant. »

Nietzsche

Sommaire


Une punition (ou un punisseur) est un stimulus qui apparaît ou disparaît suite à l'exécution d'une réponse, entraînant une diminution de l'intensité, de la fréquence ou de la probabilité d'apparition de cette réponse
.


Les punitions vont donc permettent de diminuer l'apparition ou la force d'un comportement, contrairement aux renforcements.
Elle réduit donc le répertoire comportemental : elle est source d'évitement, de fuite, d'inhibition.

Comme pour les renforcements,

  • La punition est dite positive quand la réponse entraîne l'apparition d'un stimulus aversif.

Un grand chien qui pose les antérieurs sur les épaules de son maître est puni par de petits coups de pied aux jambes.

  • La punition est dite négative quand la réponse entraîne le retrait d'un stimulus appétitif ou d'une situation favorable déjà présents ou sa non apparition.

Un chiot mordille les mains quand on joue avec lui. Pour supprimer ce comportement, on peut le punir négativement en cessant de jouer dès qu'il le produit.

Un chat qui s'approche d'un oiseau sans se dissimuler correctement voit sa proie s'envoler.


L'extinction ne concerne que les réponses apprises, tandis que la punition peut supprimer des réponses innées et des réponses apprises
.

  • Dans le cas de l'extinction, la réponse n'entraîne aucune conséquence.
  • Dans la punition, un stimulus aversif survient, en régle générale, suite à la réponse.

Bien comprendre les différences entre renforcements et punitions

Avec les renforcements, les réponses comportementales augmentent en fréquence et en intensité.

Avec les punitions, les réponses comportementales diminuent en fréquence et en intensité.


Les termes positif et négatif, valables pour les renforcements et les punitions, n'ont donc rien à voir avec les actions (agréables ou désagréables) sur l'animal.



Du point de vue de l'apprentissage, les renforcements ont une efficacité supérieure aux punitions.

Pour bien comprendre, prenons l'exemple de l'apprentissage du « Assis ! » où les deux types de renforcements et les deux types de punitions peuvent être utilisés.

Suite au stimulus discriminatif qu'est le commandement « Assis ! » :


le chien s'assied, produisant donc une réponse correcte. A ce moment,


le chien se couche, produisant donc une réponse incorrecte. A ce moment,


Dans certaines conditions, le même stimulus peut servir de renforcement et de punition, les deux procédures étant alors combinées.

Cela peut entraîner des confusions lorsqu'on tente d'identifier le mécanisme mis en oeuvre dans une méthode d'apprentissage. Un chien qui marche correctement en laisse doit régler son allure pour se trouver en tout temps avec la tête exactement à la hauteur du genou gauche de son conducteur.

  • Lors de l'installation de ce comportement, quand le chien accélère son allure et que la laisse se tend, le maître dit « Au pied ! » et effectue une brusque traction sur la laisse. Le chien cesse alors de tirer : c'est une punition.
  • Si, suite à l'ordre « Au pied ! », le chien ralentit pour rester à la bonne position, il évite la traction : c'est un renforcement négatif.

Stimulus aversif

Définition du stimulus aversif


Un
stimulus aversif est une stimulation à laquelle un animal cherche à se soustraire : c'est un événement déplaisant, désagréable ou indésirable.

Un stimulus aversif est un stimulus dont l'animal veut s'éloigner ou qui provoque des sensations et des réponses de mal-être, de douleur ou de peur.

Quel stimulus aversif ?

Stimuli aversifs primaires

Les stimuli aversifs peuvent être classés en :

  • non-douloureux : poivre, piment, essence de citronnelle, spray d'eau vinaigrée, … ;
  • douloureux : traction violente sur la laisse, coup de journal roulé, collier étrangleur, éclair d'un flash, son intense d'une sirène, pincer l'oreille, choc électrique...

En laboratoire, on utilise par exemple, comme stimuli aversifs, les chocs électriques, les éclairs lumineux ou les sons de forte intensité.

Il est intéressant, à cet égard, de souligner qu'un stimulus olfactif et auditif comme le jet de citronnelle des colliers sparay éducatifs destinés à empêcher les chiens d'aboyer n'est pas une punition.

C'est un stimulus disruptif, c'est-à-dire un stimulus inhabituel qui, par son apparition, bloque le déroulement de la séquence comportementale en cours et l'oriente vers une courte séquence exploratoire. Certains auteurs recommandent de jeter à côté du chien une boîte métallique contenant des petits cailloux.

  • Comme le bruit inattendu qui s'ensuit provoque généralement l'arrêt des activités du chien ou un mouvement d'orientation, ce procédé peut être utile pendant un certain temps.
  • Il constitue également un stimulus disruptif.


Les stimuli douloureux doivent être utilisés avec beaucoup de modération !

Stimuli aversifs secondaires


Les stimuli aversifs secondaires sont préférables et plus commodes à utiliser : ce sont les réprimandes comme le
« Non ! » ...

Chien qui saute sur sa maîtresseUn dalmatien accueille les personnes qui entrent dans la maison en posant les antérieurs sur leurs épaules. Vu la taille du chien, cela présente un danger.

  • Quand cela se produit, le propriétaire réprimande l'animal et demande aux visiteurs de poser le pied sur les doigts d'un des membres postérieurs du chien.
  • On constate que ce comportement diminue puis disparaît : la punition a été efficace. Au départ, le stimulus utilisé - action sur les doigts - était un stimulus aversif primaire. Ensuite, c'était un stimulus aversif secondaire - réprimande -. .

Pour le chat, le vinaigre est un stimulus aversif primaire, l'eau de Cologne est un stimulus neutre. Le vinaigre présente un inconvénient : il décolore et corrode les tissus.

  • Si on vaporise un mélange d'eau vinaigrée et d'eau de Cologne à une trentaine de centimètres de ses narines, le chat va associer les deux odeurs. Par conditionnement classique, l'eau de Cologne devient ainsi un stimulus aversif secondaire.
  • Si le chat effectue des griffades sur des tentures ou des sièges en cuir, on pourra les protéger en les aspergeant d'eau de Cologne. De la même manière, le chat qui tète les vêtements ne le fera plus.


L'agent punisseur doit être effectivement aversif pour le sujet concerné !

  • En effet, la punition est souvent choisie dans le cadre de processus d'identification ou de projection des maîtres. Le stimulus choisi n'est aversif que dans l'idée que les propriétaires se font des sentiments de l'animal.
  • On pourrait citer de nombreux choix erronés qui n'ont en commun que leur caractère " folklorique ".

Mettre le chien dans une pièce noire, ne plus lui adresser la parole, l'enfermer dans la voiture... Ces choix , bien que ce soit des punitions négatives (qui ne doivent durer que deux minutes maximum), sont surtout de bonnes illustrations de l'infantilisation du chien, ses maîtres lui infligeant des châtiments autrefois classiques dans l'éducation des enfants.

Le fait de " mettre le nez dedans ", c'est-à-dire mettre le nez du chien dans ses déjections, n'est pas forcément aversif : il passe son temps à l'extérieur à flairer celles de ses congénères, et même quelquefois à les consommer avec délectation !

Dans tous ces cas, la punition se révèle au mieux inefficace, au pire elle peut constituer une récompense.

  • Un chien pour qui le fait de monter en voiture est associé avec une promenade, ne sera pas puni si on l'enferme en voiture.
  • Un coup de journal mollement administré à un chien de grand format peut très bien être un stimulus appétitif s'il est considéré comme une marque d'attention, par ailleurs complétée par le contact physique également très appétitif, même s'il est un peu rude. Cela a d'autant plus de chances d'être le cas si le propriétaire ne s'occupe pas souvent de son animal.
  • De même, les propriétaires qui disent « Vilain chien  ! »... avec une voix douce ou bien avec une communication non-verbale incohérente ne feront que récompenser le chien au lieu de le punir.

Parfois, les punitions sont encore plus étonnantes, comme le fait d'accrocher au collier d'un chien tueur de poules le cadavre d'une volaille qui restera ainsi fixé jusqu'à la fin de sa putréfaction. Les raisonnements qui sous-tendent cette pratique traditionnelle dans les campagnes françaises ne sont pas tous évidents, mais il est clair que peu de chiens seront punis par le fait de voisiner avec une charogne.

Avec quelle intensité ?


Si déjà on utilise la punition, l'intensité de départ a stimulation aversive doit avoir une intensité suffisante !

  • En effet, l'effet suppressif de la punition est atténué si l'intensité est graduellement augmentée.
  • L'animal réagit plus à un stimulus aversif faible si, préalablement, il a été exposé à des stimuli forts.

Des rats qui ont appris à courir dans un couloir pour recevoir de la nourriture continuent à le faire même si, en même temps, ils sont exposés à des chocs électriques forts, à condition que l'intensité de ceux-ci soit faible au départ et augmentée graduellement. Par contre, si les chocs sont d'emblée très intenses, la réponse cesse immédiatement.

Chez des pigeons, un choc électrique de 80 volts supprime une réponse de picorage apprise par renforcement alimentaire.

  • Par contre, un choc de 60 volts ne la supprime pas.
  • Si on augmente progressivement la différence de potentiel, un résultat n'est obtenu qu'à partir de 130 volts


Les stimuli douloureux doivent être utilisés avec beaucoup de modération, c'est pourquoi les vétérinaires comportementalistes sont contre les colliers électriques qui sont interdits dans de nombreux pays européens.

  • Non au collier électrique !Trop intenses, ils peuvent engendrer un état émotionnel défavorable à l'apprentissage que l'on désire mener et peuvent conduire à l'ins8tallation d'anxiété, à l'inhibition de tout comportement, à des manifestations agressives....
  • Il faut veiller à ne pas installer la détresse acquise.

De toute façon, les diverses formes d'agression ne peuvent être traitées par des stimuli aversifs provoquant la douleur qu'avec prudence. Donner des coups pour arrêter un combat entre chiens ou pour empêcher un chien dominant de menacer, provoque une exacerbation de l'agression.

Collier à ultrasonsOn trouve dans le commerce un certain nombre d'appareils produisant électriquement des sons audibles ou inaudibles (ultrasons) pour l'homme, mais audibles pour le chien qui sont supposés empêcher l'animal d'effectuer certains comportements (aboyer, poursuivre des joggeurs, approcher de l'étal d'un commerçant...).

  • Les fabricants partent du principe que ces sons font disparaître le comportement non souhaitable ou provoquent l'évitement de la source sonore car ils constituent des stimuli aversifs fonctionnant comme punitions ou comme renforcements négatifs.
    • La mesure de l'intensité des sons émis révèle qu'elle ne dépasse pas 30 dB pour une distance entre la source et le micro de trois mètres. Cette distance a été choisie car elle correspond à beaucoup de circonstances d'utilisation. Sachons cependant que l'intensité décroît proportionnellement au carré de la distance.
    • Chez l'homme, on sait que, pour qu'un son constitue une sensation douloureuse, il faut que son intensité soit de 80 dB au moins. Le seuil de lésion se situe à plus de 100 dB.
    • On ignore à partir de quelle intensité un son est aversif pour l'animal. Par analogie avec l'homme, on peut cependant supposer que 30 dB est une intensité nettement insuffisante pour être aversive.
  • Dog Stop et Barcker BreakerL'observation des réactions des animaux montre que la plupart d'entre eux effectuent des réponses d'orientation et que certains, moins nombreux, produisent des réponses d'évitement. Cependant, après un certain nombre d'expositions à ces stimuli, ces réponses tendent à disparaître par habituation.

Aux Etats-Unis, d'autres appareils, plus puissants, sont commercialisés : citons le " Dog Stop " et le " Barker Breaker ". Ce dernier produit 112 décibels à trois mètres et est donc réellement aversif. La question peut cependant être posée de la possibilité de lésions pour l'animal et pour l'homme. De plus, les effets pathologiques éventuels des ultrasons sur l'homme sont mal connus.

Pendant quelle durée ?

L'administration d'un stimulus aversif par une personne doit être suspendue dès que l'animal adopte une posture d'apaisement ou une posture de soumission.

  • L'éthogramme du chien lui apprend que s'il produit une telle attitude, l'agression de son antagoniste est immédiatement arrêtée.
  • L'usage inconsidéré de la punition peut installer la détresse acquise.


Paradoxalement, dans certains cas, des stimuli aversifs peuvent augmenter l'attachement d'un animal à une personne.

Une punition administrée par le maître à son retour est contre-indiquée dans l'anxiété de séparation pour cette raison. De plus, si des dégâts ou des nuisances ont été effectués, la punition surviendra a posteriori.


Punir trop souvent risque, par contre, de mettre en péril la qualité de la relation propriétaire-anima
l.

Il est utile de donner à l'animal la possibilité de produire une réponse alternative à la place de celle qu'on veut faire disparaître et de renforcer ce comportement.

Ce procédé est bien plus efficace que l'usage de la seule punition : certains auteurs considèrent même qu'il est indispensable d'y avoir recours (contre-conditionnement ou déconditionnement).

Lorsqu'on punit un chien qui saute sur les visiteurs ou qui aboie quand il arrive, il cessera ce type de comportement plus rapidement si on lui apprend en plus à s'asseoir devant les visiteurs pour être caressé par eux.

ApprentissageDifférentes formes d'apprentissageConditionnement classique
Conditionnement opérantLois du CORenforcements
PunitionsPunitions positivesPunitions négativesDangers
HabituationSensibilisationImprégnationApprentissage par imitation
Apprentissage par observationApprentissage latentApprentissage par intuition
Apprentissages complexes

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'apprentissage et ses applications - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000