Communication olfactive intraspécifique
Communication mère/petits

Citation

« L'enfance a ses odeurs. »

Jean Cocteau

Sommaire

Les odeurs et les phéromones sont émises dans des situations variées et contribuent entre autres à la communication olfactive intraspécifique (avec des congénères de la même espèce) utilisée pour la reconnaissance de l'autre.

Carlin allaitant ses petits
Carlin allaitant ses petits
(Photo : creativecommons.org/De'Nick'nise)

Elles communiquent sur :

  • la reconnaissance de l'individu (appartenance à une famille, à un groupe),
  • son stade physiologique (âge, sexe, maturité et réceptivité sexuelle),
  • son statut social (position hiérarchique),
  • son état émotionnel,
  • sa localisation spatiale.

Elles ont un rôle prédominant dans la communication mère/petits et participent à :

  • l'attachement de la mère aux petits,
  • la communication olfactive lors de la tétée
  • l'attachement des petits à la mère,
  • la reconnaissance du nid.

Toute cette alchimie complexe permet par la suite la socialisation intraspécifique.

Reconnaissance et attachement de la mère aux petits

Chez les mammifères, la mère reconnaît toujours ses nouveaux-nés.

En général, elle ignore ou agresse d'autres petits de la même espèce.

Les substances chimiques présentes lors de l'accouchement favorise l'attachement de la mère à ses nouveaux-nés.

Cascades de réactions pendant la mise-bas
Cascades de réactions pendant la mise-bas
(Figure : ©vetopsy.fr d'après Kendrick)

Le phénomène a été étudié chez la brebis.


La dilatation de l'utérus et du col utérin lors de la parturition, stimule l'hypothalamus - noyau paraventriculaire et noyau suparoptique - qui synthétise l'ocytocine et provoquent sa libération par la neurohypophyse.

Il en découle une cascade de réactions qui, à leur tour, déclenchent le comportement maternel et la reconnaissance du petit (cf. figure ci-contre).

En particulier, par son action sur le bulbe olfactif, l'ocytocine déclenche :

  • seule, l'attraction pour le liquide amniotique répulsif jusqu'alors,
  • avec d'autres neurotransmetteurs, l'apprentissage par la mère de l'odeur de son petit.

Par la suite, la brebis reconnaîtra son agneau olfactivement et n'allaitera que lui.

Toutefois, nous pouvons envisager d'autres sources olfactives pour cette reconnaissance des petits par la mère.

Communication olfactive lors de la tétée

La première activité du jeune qui vient de naître est de trouver une mamelle et de téter.

Chatons tétant
Chatons tétant
(Photo : © Royal Canin)

Nous avons expliqué plus haut le rôle de l'ocytocine dans le comportement maternel. N'oublions pas que c'est elle qui provoque l'éjection du lait (sécrétion sous le contrôle de la prolactine).

Lorsqu'un jeune enfant commence à téter, 30 à 60 secondes se passent avant que le lait n'arrive à la tétine.

La stimulation du mamelon active des récepteurs cutanés qui envoient leur influx à l'hypothalamus qui, à son tour, sécrète l'ocytocine dans le sang. Celle-ci contracte les cellules myoépithéliales entourant les glandes mammaires pour éjecter le lait.

Or, l'ocytocine contracte également d'autres cellules myoépithéliales entourant des glandes apocrines (de Montgomery) localisées sur le pourtour de la tétine. Ces glandes sécrètent un signal chimique qui permet au nouveau-né de s'orienter vers la mamelle.

Les cellules de Montgomery ne sécrètent pas de lait et sont cytologiquement différentes des cellules galactophores.

Chez les mammifères nidicoles, l'olfaction est fonctionnelle dès la naissance, déjà in utero, malgré l'inachèvement du tractus olfactif. On l'a démontré chez le raton.

Le liquide amniotique pourrait également jouer un rôle.

Lorsqu'on badigeonne des mamelons, préalablement lavés et qui n'attirent pas les ratons, par du liquide amniotique, le comportement de tétée réapparaît.

Reconnaissance et attachement des petits à la mère

Allaitement chiots
Allaitement des chiots par la mère
(Photo : creativecommons.org/Felixe)

Les nouveaux-nés reconnaissent leur mère très rapidement après la naissance : les mères allaitantes produisent des phéromones que l'on appelle d'apaisement ou apaisines.

  • Chez le chat ou le chien, elles sont sécrétées dès le troisième jour par le sillon inter-mammaire (zone des cires chez la vache, la jument et la chèvre).
  • Les apaisines seraient sécrétées par l'aréole du sein chez la femme. Or, nous avons vu plus haut le rôle des glandes apocrines (de Montgomery) dans le guidage du nouveau-né vers la tétine.


Le chiot, comme le chaton, s'attacherait à sa mère pendant la période de transition, période où tous les organes des sens deviennent fonctionnels (voir la discussion).


Odeur du nid

Le nid a toujours une odeur forte, mélange de phéromones, d'urine et de selles (odeur du nid).

Comme dit si bien Yveline Leroy :  « L'odeur agit comme un filet invisible qui limite les déplacements des jeunes nidicoles.  »

OlfactionCommunication olfactiveRôle dans les relations mère/petits
Communication olfactive chez le chienCommunication olfactive chez le chat

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'éthogramme du chien - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Leroy Y. - L'univers odorant de l'animal - Boubée, 375 p., 1987
  • Brossut R. - Phéromones : la communication chimique chez les animaux - CNRS Editions, Paris, 143 p., 1996
  • Wyatt T.D. - Pheromones and animal behaviour : communication by smell and taste - Cambridge University Press, 391 p., 2003
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990
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  • Pageat P. - La communication chimique dans l'univers des carnivores domestiques - PV, vol 28, n°181, 1997
  • Gaultier E. - Communication canine - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Dehasse J. - Tout sur la psychologie du chat - Odile Jacob, Paris, 604 p., 2005
  • Gagnon A.-C - Comportement du chat : clinique et biologie - Éditions du point vétérinaire, 350 p., 2012
  • Wright M., Walters S. - Le livre du chat - Septimus éditions, 256 p., 1980