Aversion gustative apprise
ou effet Garcia

Citation

« La mémoire du dégoût est plus grande que la mémoire de la tendresse ! »

Milan Kundera

Sommaire

L'aversion gustative apprise ou effet Garcia est un phénomène d'apprentissage particulier, différent des conditionnement classique et conditionnement opérant.

Coyotte et moutonsDans l'ouest des Etats-Unis, les coyottes attaquaient inlassablement les moutons malgré les blessures opar armes à feu occasionnés des paysans : les prédateurs auraient pu ce rabattre sur d'autres proies, mais…

  • John Garcia émit l'hypothèse que le cerveau des coyottes n'étaient pas prédisposés à faire ce genre d'associations.
  • Il proposa alors de traiter des carcasses de mouton avec un vomitif puissant, le chlorure de lithium. Les coyotes ont appris à éviter l'ingestion de viande de mouton et, de plus, n'ont plus chassé ceux-ci.
    • Une publication fait état de l'efficacité de l'aversion gustative apprise dans cette application pendant une période d'au moins neuf semaines.
    • Une autre publication parle d'une réduction de 60% de la prédation des moutons par les coyotes.

Caractéristiques

GarciaL'aversion gustative apprise ou effet Garcia ( infos) est un processus par lequel un animal apprend à éviter un aliment qu'il a associé à un trouble interne, généralement gastro-intestinal.

Ce phénomène a été étudié à partir de l'observation qui suit : des rats ingèrent des appâts empoisonnés. L'intoxication se traduit par des troubles digestifs graves et entraîne la mort de la majorité de la population. Ceux qui survivent évitent à l'avenir d'ingérer des aliments ayant le même goût que ces appâts.

Expérimentalement, l'aversion gustative apprise a été mise en évidence avec de la nourriture associée avec des doses sublétales de rayons X entraînant la forme digestive de la maladie des rayons ou contenant des vomitifs tels le chlorure de lithium, l'apomorphine (alcaloïde connu chez le chien comme vomitif puissant, mais pas chez le chat) ou la ritaline.

Des chats recevant un aliment contenant du chlorure de lithium refusent cette nourriture trois jours plus tard. Cet effet persiste durant six semaines.

Les chiens apprennent moins vite et l'effet dure moins longtemps.


Dans certains cas, des chiens ou des chats hospitalisés refusent, une fois rentrés chez leurs propriétaires, d'ingérer l'aliment qui leur a été fourni à la clinique vétérinaire.

Ils évitent cet aliment parce qu'il a été associé au trouble interne généralement d'ordre digestif qui était contemporain au motif de leur hospitalisation.

Effet GarciaL'aversion gustative apprise présente trois particularités :

  • elle est plutôt spécifique du goût et de l'odorat chez les mammifères, alors que les stimuli visuels seraient prépondérants chez les oiseaux ;
  • le renforcement est de nature interne (coliques, vomissements) ;
  • la réponse peut être séparée du renforcement par un intervalle de temps très long, jusque 12 à 24 heures : le délai optimal est néanmoins d'une vingtaine de minutes.

Des expériences menées chez des bovins, des moutons, des chèvres et des chevaux ont montré que ces animaux évitent de consommer un aliment si celui-ci a été suivi par une perturbation interne dans les quinze minutes. Par contre, si le délai entre l'ingestion et l'apparition du trouble est de trente minutes ou plus, le comportement de ces animaux n'est pas modifié.

Pour supprimer le comportement d'ingestion d'une substance ou d'un objet particulier, l'aversion gustative apprise est plus efficace que la punition.

Diverses méthodes ont été testées pour empêcher des rats d'ingérer un aliment très appétent : chocs électriques, odeur d'ammoniaque, moutarde, quinine et chlorure de lithium.

  • A l'exception de ce dernier qui provoque l'aversion gustative apprise, ces stimuli font office de punitions. Ils sont présentés soit quand le rat approche l'aliment, soit quand il le mange. On fait varier également l'environnement des présentations : la cage habituelle de l'animal, une cage nouvelle ou une cage de Skinner.
  • Le seul stimulus qui a été efficace est le chlorure de lithium administré lors de l'ingestion.

Circuits neuronaux


Chien coprophage Les circuits neuronaux de l'aversion gustative sont complexes ( infos)
.

Mise en oeuvre ( infos)

Lorsque l'animal ingère la substance qu'on désire qu'il évite, une substance lui est administrée de telle sorte qu'un trouble digestif se déclenche un certain temps après.


Le délai optimum entre l'ingestion et ce trouble est de l'ordre de vingt minutes.

Indications ( infos)

La principale indication de l'aversion gustative apprise chez les animaux de compagnie est la coprophagie lorsque les méthodes plus simples ont été sans effet.

GoûtAversion gustativePica chez le chienPica chez le chat

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'apprentissage et ses applications - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Doré F, Mercier P. - Les fondements de l'apprentissage et de la cognition - Presses universitaire de Lille, Gaêtan Morin éditeur, 496 p., 1992
  • Malcut G., Pomerleau A., Maurice P. - Psychologie de l'apprentissage : termes et concepts - Edisem, maloine, 243 p., 1995