Sensibilisation
Définition et caractéristiques

Citation

« Un esprit sensible ne convient pas à qui porte une épée. »

William Shakespeare

Sommaire

L'exposition répétée à une situation stimulante sans conséquences défavorables peut, dans certains cas, entraîner - à l'inverse de l'habituation - une augmentation de la réponse d'alerte. Ce phénomène est appelé sensibilisation.

On présente un chien à des chatons pendant une minute plusieurs fois par jour. Le chien n'interagit pas avec eux.

  • Au début, tous les chatons manifestent des réactions de crainte.
  • Ensuite, chez quelques-uns d'entre eux, ces réponses disparaissent par habituation, tandis que chez les autres, elles augmentent par sensibilisation (Reid, 1996).

Stimulus nouveau    Alerte, orientation, émotion
Diminution progressive
des réactions
Augmentation progressive
des réactions
Habituation
Sensibilisation


Habituation et sensibilisation ne sont pas deux processus opposés, mais sont indépendants l'un de l'autre !

  • l'habituation est une forme primaire d'apprentissage.
  • La sensibilisation est un état réactionnel plus réceptif après expérience, sans forcément d'apprentissage.

Définition de la sensibilisation


La sensibilisation est l'augmentation de la réponse motrice à un stimulus donné, qui, auparavant, ne déclenchait aucune réponse particulière, suite à la répétition de sa présentation ou à la suite de la présentation d'un autre stimulus.

1. Le stimulus potentialise une réponse (abaissement du seuil de référence).

Un chien, né dans une ferme, est adopté par une personne vivant en ville.

  • Durant son jeune âge, il n'a pas été confronté aux intensités de stimulations (bruits, nombres de personnes...) caractéristiques du milieu urbain.
  • Le trafic automobile constituera donc pour lui une situation stimulante supra-liminaire, c'est-à-dire dont le seuil est suffisant pour déclencher une réponse (de peur, en l'occurrence).

2. Un stimulus sensibilise l'organisme qui répond à d'autres stimuli auxquels il ne répondait pas avant.

C'est souvent le cas des stimuli douloureux.

Caractéristiques de la sensibilisation

Facteurs externes

La sensibilisation se développe, en général, dans des conditions contraires à celles de l'habituation :

  • le stimulus inconnu est de forte intensité ;

Le stimulus ne doit pas être forcément aversif : de forte intensité, il engendre la peur.

  • les contacts avec ce stimulus sont rares et irréguliers par la suite ;
  • l'animal ne peut s'y soustraire.



L'exemple le plus classique est celui de la sensiblisation aux détonations des pétards lors des fêtes de fin d'année.

    • Les stimulus ont une très forte intensité.
    • Les contacts avec ces stimuli sont rares.
    • L'animal ne peut s'échapper : il présente une réaction de peur intense.


Cette réaction émotionnelle de peur (REC de peur) qui déclenche la sensibilisation peut évoluer en phobie.

Toutes les conditions précédentes sont requises pour provoquer une phobie des pétards

Comme l'habituation, la sensibilisation s'étend aux stimuli proches par généralisation.

Cette sensibilisation aux pétards pourra se généraliser à toutes les détonations proches : coups de feu, explosions, pétarades d'engins motorisés...

Homéostasie sensorielle

La sensibilisation - à l'inverse de l'habituation - entraîne une augmentation de la réponse d'alerte en considérant le stimulus rencontré comme supraliminaire (au-dessus du seuil de référence).


Ce seuil est fixé lors du jeune âge lorsque l'animal établit son homéostasie sensorielle ou homéostasie perceptive.

L'homéostasie sensorielle ou homéostasie perceptive est un état d'équilibre entre l'organisme et l'ensemble des stimuli constituant son environnement à un moment donné.

Après la période sensible, tout stimulus rencontré est comparé avec le référentiel emmagasiné dans la mémoire à long terme et sa représentation peut ou non activer le générateur de réponse.

Un chien, né dans une ferme, est adopté par une personne vivant en ville.

  • Durant son jeune âge, il n'a pas été confronté aux intensités de stimulations (bruits, nombres de personnes...) caractéristiques du milieu urbain.
  • Le trafic automobile constituera donc pour lui une situation stimulante supraliminaire, c'est-à-dire dont le seuil est suffisant pour déclencher une réponse (de peur, en l'occurrence).

La différence entre sensibilisation et habituation dépendra :

  • de l'histoire de l'animal : l'exemple précédent est caractéristique d'un trouble du développement appelé syndrome de privation sensorielle.
  • de facteurs génétiques : certains chiens ont des seuils de sensibilité plus faibles que les autres.


Lors de sensibilisation, l'animal réagit davantage aux stimuli non-significatifs de son environnement, ce qui provoque un épuisement de ses ressources cognitives et énergétiques.

Les traumatismes acoustiques chez les chiens peuvent expliquer les phobies aux bruits, si fréquentes en consultation comportementale.

  • L'audition des chiens est une modalité sensorielle très développée. Leur sensibilité auditive est bien plus développée que la nôtre (audition de l'homme).
  • Si, dès son jeune âge, le chiot a été confronté à des stimulations diverses à des intensités variables, il y réagit de moins en moins par habituation.

Conséquences comportementales de la sensibilisation

ApprentissageDifférentes formes d'apprentissageConditionnement classique
Conditionnement opérantRenforcementsPunitionsHabituationSensibilisationImprégnationApprentissage par imitationApprentissage par observation
Apprentissage latentApprentissage par intuitionApprentissages complexes

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'apprentissage et ses applications - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Gaultier E - Les différentes approches du comportement - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires - Toulouse 2000
  • Pageat P. - Pathologie du comportement du chien, Editions du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort, 384 p., 1998
  • Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M. - Psychobiologie  - DeBoeck Université, Bruxelles, 849 p., 1998
  • Doré F, Mercier P. - Les fondements de l'apprentissage et de la cognition - Presses universitaire de Lille, Gaêtan Morin éditeur, 496 p., 1992
  • Malcut G., Pomerleau A., Maurice P. - Psychologie de l'apprentissage : termes et concepts - Edisem, maloine, 243 p., 1995
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990