Apprentissage latent

Citation

« Je suis épaté par les gars qui dessinent les cartes routières, c'est une sacrée responsabilité, t'imagines qu'ils oublient un virage ! »

Jean-Marie Gourio

Sommaire

Définition et caractéristiques

L'apprentissage latent s'intègre dans la théorie de Tolman selon lequel tout apprentissage consiste en l'acquisition de cartes cognitives " ou " cartes mentales ", c'est-à-dire l'acquisition d'informations sur des séquences ordonnées d'événements se produisant de façon régulière dans l'environnement.


L'apprentissage latent est l'association de plusieurs stimuli indifférents sans qu'un avantage ou un désavantage immédiat n'apparaisse.

  • ces stimuli sont mémorisés et sont utilisés plus tard.
  • La réponse est fixée sans renforcement préalable de la connexion entre cette réponse et les stimuli qui la provoquent.

Un jeune enfant (commençant à parler) qui prononce un mot pour la première fois le fait dans le contexte adéquat : il a appris le mot antérieurement par apprentissage latent.


L'apprentissage latent suppose la capacité à localiser des informations dans l'espace et dans le temps.

Un jeune cheval est dans une pâture depuis l'hiver. Il est passé de nombreuses fois, sans s'y arrêter, sous les arbres d'un bosquet qui s'y trouve. Dès les premières chaleurs, il se réfugie à l'ombre des arbres pour éviter les mouches et assurer sa thermorégulation.

Une souris est placée chaque jour dans un labyrinthe sans recevoir de renforcement.

  • Après une semaine, on lui donne un morceau de fromage lorsqu'elle se trouve à un endroit particulier du labyrinthe. Avant que l'animal n'ait fini de manger, l'expérimentateur le prend et le place à un autre endroit.
  • On observe que la souris retrouve le fromage très rapidement, plus vite en tout cas qu'une autre souris qui n'a jamais parcouru le labyrinthe.

Le préconditionnement sensoriel présente un certain nombre de similitudes avec l'apprentissage latent.

Explications

Les cartes cognitives permettent d'expliquer la manière par laquelle les animaux s'orientent dans l'espace, par exemple dans un labyrinthe.

L'orientation spatiale fait l'objet de deux théories :

  • l'une connexionniste,
  • l'autre cognitiviste.


L'approche cognitive a permis également de mettre en évidence différentes formes de mémoire.

Connexionnistes

Selon les connexionnistes, l'animal apprend à trouver la sortie en apprenant progressivement une suite d'associations entre les stimuli du labyrinthe et les réponses (modèles de mouvements) qu'il doit effectuer (conditionnement opérant).

L'animal mémorise un itinéraire :

  • au premier carrefour, il tourne à droite ;
  • aux second et troisième carrefours, il va tout droit ;
  • au quatrième carrefour, il tourne à gauche...


Le modèle connexionniste est donc un système basé sur l'utilisation de repères locaux ou sur une suite de séquences motrices d'après lesquelles l'animal se repère au fur et à mesure de sa progression (" guidage visuel ").

Ce système est rigide et stéréotypé : la disparition d'un repère ou l'oubli d'un élément de la séquence entraîne un échec.

Cognitivistes


Selon les cognitivistes, l'animal bâtit mentalement une " carte cognitive " correspondant au plan des lieux
( infos) & ( infos).

Jean Walker MacFarlane a pu démontrer par une expérience que la théorie cognitiviste était la plus valable.

  • Dans un premier temps, les rats se trouvent dans un labyrinthe rempli d'eau. Ils doivent le traverser en nageant, parvenir à la sortie et sortir de l'eau pour atteindre la nourriture.
  • Dans le deuxième temps, il n'y a plus d'eau dans le labyrinthe et les rats doivent le parcourir en marchant.
    • Les indices sensoriels et les mouvements à effectuer dans la première situation sont donc tout à fait différents de ceux de la seconde.

On observe cependant qu'ils parviennent aussi vite à la sortie que dans le premier temps.

  • Si l'hypothèse connexionniste était exacte, les rats auraient appris, lors du premier temps, une série d'associations S-R qui ne sont pas répétables dans le deuxième temps. Il leur aurait fallu, en conséquence, autant de temps pour apprendre le parcours correct dans le second temps que dans le premier.
  • Selon l'hypothèse cognitiviste, lors du premier temps, les rats apprennent le plan du labyrinthe indépendamment des mouvements effectués. Ils peuvent appliquer cet apprentissage lors du deuxième temps


Le modèle cognitiviste est donc basé sur une représentation mentale de l'espace et sur l'établissement de relations spatiales stables entre différents points de l'espace permettant à l'animal de se situer et de s'orienter, quels que soient sa propre situation et ses déplacements.

Ce système est plus élaboré et plus souple : il permet une adaptation si des éléments nouveaux surviennent et rend possible l'utilisation de raccourcis.

D'autres expériences peuvent confirmées celle de MacFarlane.

  • Des souris connaissant bien un labyrinthe s'y retrouvent aussi si elles sont aveuglées.
  • Un chien aveugle peut se déplacer dans la maison sans heurter les meubles à condition que ceux-ci restent au même endroit. Il s'oriente par " carte cognitive ".
  • On a pu démontrer que le rat, le chien et le singe sont capables d'effectuer des raccourcis : c'est probablement aussi le cas du chat.

ApprentissageDifférentes formes d'apprentissageConditionnement classique
Conditionnement opérantRenforcementsPunitionsHabituationSensibilisationImprégnationApprentissage par imitationApprentissage par observation
Apprentissage latentApprentissage par intuitionApprentissages complexes

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'apprentissage et ses applications - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Doré F, Mercier P. - Les fondements de l'apprentissage et de la cognition - Presses universitaire de Lille, Gaêtan Morin éditeur, 496 p., 1992
  • Malcut G., Pomerleau A., Maurice P. - Psychologie de l'apprentissage : termes et concepts - Edisem, maloine, 243 p., 1995
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990