Comportement maternel
Activation par les petits, expérience, troubles

Citation

« Les mères trop dévouées le sont presque toujours à cause de leur propre histoire: " je veux être une mère parfaite, tant j'ai peur de répéter ma mère qui m'a tant fait souffrir. " »

Boris Cyrulnik 

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Sommaire
  1. Développement comportemental : vue d'ensemble
    1. Ontogenèse des comportements
    2. Facteurs génétiques
    3. Facteurs épigénétiques
    4. Conclusion générale sur l'ontogenèse des comportements
  2. Périodes du développement comportemental du chien et du chat
    1. Généralités
    2. Enjeux
    3. Périodes
      1. Période prénatale du chien et du chat
      2. Période néonatale du chien et du chat
      3. Période de transition du chien et du chat
      4. Période de socialisation du chien et du chat
      5. Période juvénile du chien
    4. Différences de développement comportemental entre le chien et le chat
  3. Processus particuliers
    1. Période sensible
    2. Comportement maternel
      1. Définition
      2. Attachement et comportement maternel
      3. Bases biologiques
        1. Bases biologiques du comportement maternel chez la brebis
        2. Bases biologiques du comportement maternel chez d'autres espèces
        3. Bases biologiques du comportement maternel chez l'homme
        4. Activation du comportement maternel par le petit
        5. Rôle de l'expérience chez les femelles pluripares
        6. Rôle du tempérament et des troubles comportementaux des femelles
      4. Fonctions du comportement maternel
        1. Comportement maternel et santé physique des petits
          1. Tétée
          2. Maturations tactiles et olfactives des nouveau-nés
          3. Apaisement des jeunes
          4. Protection des jeunes et défense du nid
        2. Comportement maternel et maturation psychologique des petits
          1. Processus enclenchés par la mère pour la maturation psychologique des petits
          2. Initiation du comportement exploratoire
      5. Suite du comportement maternel et détachement
    3. Empreinte ou imprégnation
    4. Attachement
    5. Autonomie des jeunes
    6. Socialisation
      1. Socialisation intraspécifique
      2. Socialisation interspécifique
    7. Homéostasie sensorielle
    8. Acquisition des autocontrôles
    9. Détachement
  4. Développement comportemental du chien
  5. Développement comportemental du chat
  6. Troubles du développement comportemental du chien et du chat
  7. Prévention des troubles du développement comportemental du chien et du chat

Bibliographie


« Qu’il s’agisse d’un contrôle essentiellement sensoriel ou physiologique, la parturition représente toujours une période privilégiée pour l’expression du comportement maternel et la mise en place de la relation avec le jeune. »
Rosenblatt et Siegel 1981, cité par Poindron

Les phénomènes physiologiques de la parturition (bases biologiques du comportement maternel), les contacts entre la mère et les petits (léchage) ou lors de l'allaitement, mais également des informations olfactives, visuelles ou auditives (activation par les petits) facilitent cet attachement maternel chez toutes les espèces.

Activation du comportement maternel par le petit

Comme chez la chèvre multipare, dans de nombreuses espèces, y compris chez l'homme (bases biologiques du caregiving chez l'homme), l'ocytocine intracérébrale est sécrétée par de nombreux facteurs sociaux en fonction des stimuli en relation avec la présence du petit qu'ils soient tactiles (autre que le réflexe d'éjection de lait), olfactifs, auditifs ou visuels.

Lorenz et les bébés
Dessin de Lorenz sur les bébés

La régulation de la sécrétion d'ocytocine, comme celui du réflexe d'éjection de lait, n'est pas si évidente car l'ocytocine n'est libérée qu'après plusieurs minutes alors qu'un réflexe sensoriel est beaucoup plus rapide : une intégration complexe de diverses données est effectuée au niveau cérébral.


Le comportement maternel, initié par un phénomène neurohormonal, est par la suite sous contrôle neurosensoriel. La mère est rendue plus réceptrice, par des facteurs internes, aux signaux sensoriels de son nouveau-né qui diffèrent selon les espèces.

Au début, chez la brebis, ce sont surtout des signaux olfactifs, chez la souris, des signaux acoustiques (ultrasons de 50 KHz), chez la ratte, des signaux tactiles, mais également un panaché de tous ces signaux à partir d'un certain temps.

Chez la brebis ou la chèvre, la reconnaissance visuelle et/ou auditive du jeune est activée en 6 heures ou
moins après la parturition (Keller et al 2003, Poindron et al 2003) et une reconnaissance sur la seule base des signaux acoustiques dès 24 heures (Sèbe et al 2007).

Chez l’homme, par exemple, les traits physiques du bébé, comme la taille des yeux ou la rondeur de la tête, son odeur, le fait même de penser à lui, entretiennent le comportement maternel. Konrad Lorenz (1903-1989) l'avait bien noté dans son livre " Essais sur le comportement animal et humain : Les leçons de l'évolution de la théorie du comportement ".

Rôle de l'expérience chez les femelles pluripares

Le comportement maternel est, tout le monde le sait, facilité par l'expérience et cela se traduit par une mémorisation à long terme de la première parturition.

Chez la brebis, alors que les chercheurs ne voient pas de différence lors de l'allaitement entre primipares et multipares, la reconnaissance à distance entre leur agneau et un agneau étranger s'effectue en 6 heures contre 24 heures pour les primipares (cf article).

Des expériences chez la ratte ont montré que le comportement maternel, en mettant en contact des ratons avec des femelles non gestantes, se manifeste en 7 jours chez les nullipares et en 24 heures seulement chez les multipares.

Souvent, les primipares sont souvent affolés lors de la parturition et s'occupent mal de leurs nouveau-nés (mauvaise mère).

Chez la brebis, les troubles du comportement maternel (50 % chez les primipares) ne se retrouvent plus aux prochaines parturitions.


C'est toujours et encore lors du contact mère-petit pendant et après la parturition que se met en place cette « mémoire maternelle » comme dit Poindron.


Principaux facteurs jouant sur le comportement maternel (© vetopsy.fr d'après Poindron)

Cette mémoire est également constatée au niveau biologique. Même si on supprime expérimentalement des informations chez les pluripares, on observe, par rapport aux primipares, une augmentation :

On aurait donc une plus forte réactivité de l'organisme aux stimuli ainsi que de meilleures connections entre les divers systèmes de contrôle.

Rôles du tempérament et des troubles comportementaux des femelles

Le tempérament des animaux, timide, calme, émotif ou même anxieux, que ce soit chez la ratte, la chatte, la chienne ou la brebis, perturbe le comportement maternel et aura des conséquences dramatiques sur l'attachement (secure ou non), à l'origine de troubles comportementaux chez leurs petits.


Le stress chronique provoque un manque de caregiving chez la femelle et pertube la mémoire, l’apprentissage et l’attention chez les petits par une perturbation de l'attachement qui devient insecure.


Bates motel
Affiche de Bates Motel
(Norman Bates - le tueur de Psychose - et sa mère)

Cette émotivité se transmet pendant :


C'est pourquoi, nous déconseillons la reproduction des femelles anxieuses !

Enfin, chez la ratte, on a décrit des mécanismes de transmission inter-générationnelle non-génomique qui peuvent influencer le comportement maternel de leurs filles (léchage intense ou pas par exemple).

Fonctions du comportement maternel

Développement comportementalPériodes de développement comportemental du chien et du chat
Période prénatalePériode néonatalePériode de transition
Période de socialisationPériode juvénileProcessus particuliers
Période sensibleComportement maternelEmpreinte ou imprégnationAttachement
Autonomie des jeunesSocialisationSocial. intraspécifiqueSocial. interspécifique
Homéostasie sensorielleAcquisition des autocontrôlesDétachement

Bibliographie
  • Hay M. - Ontogenèse des comportements - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Vaysse G., Médioni J. - L'emprise des gènes et les modulations expérentielles du comportement - Bios, Université Paul Sabatier, Privat, Toulouse, 1982
  • McFarland D. - Le comportement animal, psychobiologie, éthologie et évolution - De Boeck Université, Bruxelles, 613 p., 2001
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liége, 296 p., 1990
  • Pageat P. - Pathologie du comportement du chien - Editions du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort, 384 p., 1998
  • Pageat P. - Sémiologie en pathologie comportementale - Point Vétérinaire, 1990
  • Dehasse J. - Tout sur la psychologie du chien - Odile Jacob, Paris, 400 p., 2009
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'éthogramme du chien - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Pieson P., Grandjean D., Sergheraert R., Pibot P. - Guide pratique de l'élevage canin - Royal Canin, 347 p., 1996
  • Bradshaw J.W.S. -The behaviour of the domestic cat - CAB Intrernational, Wallingford, 219 p.,1992
  • Dehasse J. - Tout sur la psychologie du chat - Odile Jacob, Paris, 604 p., 2005
  • Gagnon A.-C - Comportement du chat : clinique et biologie - Éditions du point vétérinaire, 350 p., 2012
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  • Malendin É., Little S., Casseleux G., Shelton L., Pibot P., Paragon B.-M. - Guide pratique de l'élevage félin - Royal Canin -344 p., 2000