Le pyruvate, $\ce{CH3COCOO-}$, est une molécule située au carrefour de plusieurs voies métaboliques dont la perturbation joue un rôle essentiel dans de nombreuses affections :
Pyruvate
(Figure : vetopsy.fr)1. les cancers par l'effet Warburg ;
2. les maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer et de Parkinson ;
L'apport d'énergie au cerveau dépend presque entièrement du métabolisme du glucose et donc, du pyruvate : son fonctionnement requiert 20-25% de la consommation quotidienne de glucose du corps.
Les astrocytes assurent la glycolyse et libèrent du lactate dans l'espace extracellulaire.
La perturbation de toutes les fonctions des astrocytes dans les maladies neurodégénératives explique les symptômes observés (maladies neurodégénératives).
Altérations du métabolisme du pyruvate
et maladies neurodégénératives
Les malades ont un déficit dans l'apprentissage de la marche, des réactions fortement diminuées aux stimuli sensoriels et donc, une difficulté à interagir avec leur environnement.
Les malades décèdent, en général, avant 10 ans.
Symptômes des maladies mitochondriales
(Figure : vetopsy.fr d'après Goldstein)
La production des dérivés réactifs de l'oxygène (ROS) est considérée comme l'une des caractéristiques de la pathogénie de la maladie d'Alzheimer.
Ces ROS jouent un rôle important dans la signalisation cellulaire et l'homéostasie, mais leur accumulation peuvent entraîner des dommages cellulaires importants, d'où le nom de stress oxydatif.
1. Les ROS active la β-sécrétase (BACE1, Beta-site Amyloid precursor protein Cleaving Enzyme 1), qui clive l'APP (Amyloid Precursor Protein) en bêta-amyloïde (Aβ), menant ainsi à une production accrue de l'oligomère Aβ, le peptide largement accepté comme pathogène principal dans la maladie d'Alzheimer.
Le recyclage de BACE1 est perturbé par la diminution des taux de la nexine SNX4.
Maladies mitochondriales
(Figure : vetopsy.fr d'après Newington et coll)
L'augmentation des ROS active à son tour l'expression de HIF-1α (effet Warburg) qui stabilise l'expression de BACE1 et augmente l'activité de la pyruvate déshydrogénase kinase (PDK).
Le résultat final de la production des ROS neuronaux est une diminution de l'activité de la pyruvate-déshydrogénase (PDH), diminuant drastiquement la production d'ATP et provoquant un dysfonctionnement neuronal essentiel à la pathogénie de la maladie d'Alzheimer.
Lorsque l'absorption du glucose est perturbée, les astrocytes manquent d'énergie pour éliminer suffisamment le glutamate de la fente synaptique.
Ce processus entraîne une neurotoxicité excitatrice qui provoque, entre autres, l'augmentation des ROS et un dysfonctionnement mitochondrial provoquant la mort neuronale (Astrocytes and Epilepsy 2016).
Ces régions comprennent le cortex préfrontal bilatéral, le lobe pariétal latéral bilatéral, le cingulum/précunéum postérieur, le rectum gyrus, le gyrus temporal latéral bilatéral et les noyaux caudés bilatéraux.
En revanche, le cervelet et le gyrus temporal inférieur ont des niveaux significativement plus bas de glycolyse.
Réseau du mode par défaut (Default Mode Network ou DMN)
(Figure : vetopsy.fr d'après Andreashorn)
Ce réseau est mobilisé lorsque l'individu n'est pas engagé dans une tâche précise, comme lors de révéeries où l'esprit vagabonde : elle consomme la majorité de l'énergie cérébrale et synchronise l'ensemble des aires cérébrales qui sont prêtes à exécuter une tâche.
Ce réseau fut découvert par hasard par l'imagerie cérébrale sur des patients à qui l'on demandait de ne penser à rien pour avoir un référentiels lors des examens.
Lors d'une activité particulière, le cerveau ne mobilise que 5% d'énergie de plus que cette activité de " repos ".
Une autre étude a trouvé des variations dans le degré de chevauchement entre les dépôts de Aβ, l'hypométabolisme et l'atrophie dans le cerveau des patients atteints de la maladie d'Alzheimer (Region-Specific Hierarchy between Atrophy, Hypometabolism, and β-Amyloid (Aβ) Load in Alzheimer's Disease Dementia 2012). L'absence de corrélation significative entre l'atrophie et l'hypométabolisme peut indiquer le fonctionnement de mécanismes pathologiques ou protecteurs spécifiques à une région.
En conclusion, l'augmentation de la glycolyse aérobie pourrait compenser le dysfonctionnement neuronal et l'hypométabolisme.
La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d'Alzheimer.
La perte de ces neurones provoque d'importants dysfonctionnements neurologiques moteurs et non moteurs qui cractérisent l'évolution clinique de la maladie de Parkinson (Parkinson’s disease: clinical features and diagnosis 2009).
Les neurones dopaminergiques de la substantia nigra (substance noire ou locus niger) sont particulièrement sensibles aux dommages oxydatifs et sont détruits par la production de ROS et de RNS (dérivés réactifs de l'azote).
L'hypométabolisme serait un contributeur important dans l'évolution de la maladie.
Dans les neurones dopaminergiques de la substantia nigra de la maladie de Parkinson et des patients parkinsoniens subcliniques, de nombreux gènes diminueraient l'expression du métabolisme du pyruvate et de la chaîne de transport des électrons.
Régions cérébrales affectées par la maladie de Parkinson
(Figure : vetopsy.fr d'après Lajoie et coll pour la fig. droite)
Chez le rat, la surexpression de PGC-1α supprime la perte de neurones dopaminergiques.
Or, l'hypométabolisme du pyruvate et la surproduction de ROS, observés et dans la maladie d'Alzheimer et dans la maladie de Parkinson, ne sont pas traités et pourraient être corrigés par l'administration de pyruvate.
1. Le pyruvate protège contre les ROS (dérivés réactifs de l'oxygène) et les RNS (dérivés réactifs de l'azote).
Rôles de l'éthyl pyruvate et de ses dérivés dans l'ischémie
(Figure : vetopsy.fr d'après Lee et coll)
Dans les neurones de rat primaires cultivés, l'administration de pyruvate inhibe la mort neuronale oxydative induite par la bêta-amyloïde (Aβ).
Le pyruvate et le 3-bêta-hydroxybutyrate fourniraient une source d'énergie sans glucose qui permettait d'éviter l'utilisation du glycogène astrocytaire, et permettait de maintenir l'homéostasie synaptique.