Le pyruvate, $\ce{CH3COCOO-}$, est une molécule située au carrefour de plusieurs voies métaboliques dont la perturbation joue un rôle essentiel dans de nombreuses affections :
Pyruvate
(Figure : vetopsy.fr)1. les cancers par l'effet Warburg ;
La LDH (lactose déshydrogénase) joue un rôle important dans l'effet Warburg, du nom du médecin, physiologiste et biochimiste allemand Otto Heinrich Warburg (1880-1970), prix Nobel de physiologie ou médecine en 1931, dont un de ses étudiants fut un certain Hans Adolf Krebs (1900-1981), prix Nobel en 1953.
2. L'exportation de lactate hors de la cellule, facilitée par les transporteurs de monocarboxylate (MCT1 et MCT4), symports lactate/$\ce{H+}$, acidifie le milieu entourant les cellules cancéreuses.
HIF-1 (HIF, Hypoxia Inducible Factors ou facteur de transcription induit par l'hypoxie, est un facteur essentiel fréquemment surexprimé dans de nombreux cancers. Il augmente l'expression :
2. HIF-1 provoque la surexpression de la Glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD), qui convertit le glucose-6-phosphate en 6-phosphogluconolactone, première réaction de la voie des pentoses phosphates.
Elle favorise la synthèse d'acides aminés et des nucléotides nécessaires à la prolifération cellulaire pour shunter la glycolyse.
Le $\ce{CO2}$ libéré conduit à l'acidification de la matrice extracellulaire par sa combinaison avec l'eau ($\ce{HO2}$) pour produire des protons ($\ce{H+}$) et du bicarbonate ($\ce{HCO3-}$) grâce aux anhydrases carboniques, et en particulier, à l'anhydrase carbonique 9 (CA9/CAIX) associée à la membrane. Les protons sont aussi exportés grâce à l'antiport $\ce{Na+}$/$\ce{H+}$ 1 (NHE-1 ou SLC9A1).
Si cette synthèse n'a pas lieu, les intermédiaires de la voie pentose phosphate, le ribulose-5-phosphate et l'érythrose-4-phosphate sont recyclés vers la glycolyse (fructose-6-phosphate et glycéraldéhyde-3-phosphate) pour produire du pyruvate et du lactate.
3. HIF-1 provoque la surexpression de facteurs impliqués dans le métabolisme du pyruvate comme :
L'augmentation du lactate extracellulaire va pouvoir réguler :
les cellules immunitaires pour que les cellules tumorales ne soient pas détruites,
les cellules endothéliales qui sécrètent du VGF pour l'angiogenèse,
les fibroblastes qui activent les métalloprotéases et la hyaluronidase pour dégrader la matrice extracellulaire et créer un microenvironnement tumoral favorable à la migration des cellules tumorales (métastases).
2. Dans les cellules cancéreuses où p53 demeure silencieux, le processus conduit à l'élévation de la glycolyse, i.e. la formation de pyruvate et de lactate.
PKM2 ou pyruvate kinase M2
Les cellules cancéreuses modifient directement le métabolisme du pyruvate en déplaçant le profil d'expression des enzymes glycolytiques, en particulier celui de la pyruvate kinase (PK).
PKM2 et régulation
(Figure : vetopsy.fr d'après Yang et coll)
Toutefois, PKM2 est la seule à pouvoir former des dimères qui sont inactifs : l'interconversion entre dimères et tétramères est modulée par diverses modifications post-traductionnelles, par des effecteurs allostériques et des partenaires de liaison (Regulation and function of pyruvate kinase M2 in cancer 2013).
PKM2, sous forme dimérique, redirige efficacement le flux de carbone de la production de pyruvate et de l'énergie cellulaire vers les voies anabolisantes nécessaires à la croissance cellulaire rapide (PKM2, a Central Point of Regulation in Cancer Metabolism 2013).
Les cellules cancéreuses favorise la formation de PKM2 dimérique (i.e. inactive) qui provoque l'accumulation d'intermédiaires de la glycolyse. Ces intermédiaires sont introduits dans d'autres voies, et en particulier celle des pentoses phosphates.
Elle produit des équivalents réducteurs sous la forme de NADPH, qui peuvent être utilisés pour soutenir la biosynthèse des lipides et la régénération du glutathion réduit. Le glutathion réduit est utilisé pour diminuer le stress oxydatif des cellules cancéreuses, qui est supérieur à celui des cellules normales, pour éviter leur mort cellulaire.