Métaphore de la cognition incarnée
(Figure : Penn State)
Les caractéristiques de la cognition comprennent des constructions mentales de haut niveau (telles que des concepts et des catégories) et des performances sur diverses tâches cognitives (telles que le raisonnement ou le jugement).
Les fonctions du corps comprennent le système moteur, le système perceptuel, les interactions corporelles avec l'environnement (situation ou situatedness) et les hypothèses sur le monde qui sont intégrées dans la structure de l'organisme.
En effet, la cognition dite " centrale " (mémoire, raisonnement, compréhension…) est décrite comme un ensemble de manipulations de symboles abstraits et amodaux : les systèmes perceptifs et moteurs ne lui servent que de périphériques d’entrée et de sortie et sont donc peu importants pour en décrire le fonctionnement ( computationnalisme).
2. La cognition incarnée, elle, prend sa source dans la théorie de l’évolution, et en particulier dans l’idée que nous descendons de créatures dont le système nerveux était dédié essentiellement aux traitements perceptifs et moteurs permettant d’interagir avec l’environnement immédiat.
Cette idée a notamment deux conséquences :
La cognition n’est plus vue sous l’angle du traitement d’information, mais plutôt comme ayant pour visée de supporter l’action. La pression sélective favorisant les comportements les plus efficaces et adaptés à la survie, l’intérêt de développer un appareil cognitif aurait été avant tout de répondre à ces besoins.
Au lieu de s’être développée de manière centralisée et totalement distincte des modules sensoriels et moteurs, la cognition prendrait ses racines dans les systèmes sensorimoteurs, ces derniers devenant essentiels pour la décrire.
« En utilisant le terme incarné, nous entendons mettre en évidence deux points : premièrement, la cognition dépend des types d'expérience qui découlent de l'existence d'un corps doté de diverses capacités sensorimotrices, et deuxièmement, ces capacités sensorimotrices individuelles sont elles-mêmes intégrées dans un environnement biologique englobant le contexte biologique, psychologique et culturel. »
Pour résumer, la cognition incarnée considère que l’esprit doit être compris dans le contexte de son corps (le " contexte sensorimoteur "), et de l’interaction de ce dernier avec l’environnement.
3. Les représentations spatiales, i.e. manière dont un individu se représente les éléments d’un environnement ainsi que leurs positions absolues et relatives, sont incarnées, au sens où :
elles auraient pour fonction de guider l’action ;
elles seraient ancrées dans les systèmes sensorimoteurs, c’est-à-dire qu’elles auraient des ressources de traitement en commun avec eux plutôt que d’en être indépendantes.
Une représentation spatiale se construit notamment à partir de plusieurs sources :
Si les informations à la source des représentations spatiales sont incarnées, alors il est raisonnable de penser que les représentations spatiales le sont aussi, i.e. elles ont pour fonction de diriger l'action.
4. Les différences entre la cognition incarnée et la cognition étendue (extended cognition) et la cognition située (situated cognition) sont basées sur la thèse de l'incarnation, une vision plus étroite de l'embodiment que celle de Varela ou celle de Dawson.
La thèse de l'embodiment postule que « de nombreuses caractéristiques de la cognition sont incarnées en ce qu'elles dépendent profondément des caractéristiques du corps physique d'un agent, de sorte que le corps, au-delà du cerveau de l'agent, joue un rôle causal significatif, ou un rôle physiquement constitutif, dans cet agent. » (Embodied Cognition 2011). Cette thèse omet de mentionner directement certains aspects du « contexte biologique, psychologique et culturel plus englobant » inclus par Varela.
La thèse de l'esprit étendu d'Andy Clark et David Chalmers, contrairement à la thèse de l'embodiment, ne limite le traitement cognitif ni au cerveau ni même au corps, mais l'étend vers l'extérieur dans le monde de l'agent (The Extended Mind 1998).
L'exemple d'Inga et de Otto, l'alzheimérien avec son cahier, est particulièrement évocateur.
La cognition située souligne que cette extension ne consiste pas seulement à inclure des ressources qui se trouve à l'extérieur de l'organisme, i.e. le cahier d'Otto, mais souligne le rôle de l'investigation et la modification de l'interaction avec le monde de l'agent (Supersizing the Mind: Embodiment, Action, and Cognitive Extension 2008).
Cognition située (situated cognition)
1. Dans l'intelligence artificielle et les sciences cognitives, le terme situé (situated) fait référence à un agent ancré dans un environnement. Le terme situé signifie :
qu'il existe dans un environnement dynamique (en évolution rapide),
qu'il peut manipuler ou changer l'environnement par ses actions,
2. La cognition située (situated cognition) est une théorie qui postule que la connaissance est inséparable du faire, en faisant valoir que toute connaissance est située dans une activité liée à des contextes sociaux, culturels et physiques.
La recherche en analyse du comportement est appelée l'analyse expérimentale du comportement et l'application de ce domaine est appelée analyse appliquée du comportement (ABA, Applied Behavior Analysis), appelée à l'origine, modification du comportement.