• Comportement du chien et
    du chat
  • Celui qui connait vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme
    • Konrad Lorenz
  • Biologie, neurosciences et
    sciences en général
  •  Le but des sciences n'est pas d'ouvrir une porte à la sagesse infinie,
    mais de poser une limite à l'erreur infinie
    • La vie de Galilée de Bertold Brecht

Fonctionnement cérébral
Réseau à " tâches positives " (TPN ou Task-Positive Network)

Sommaire

Lorsqu'on teste des volontaires sur des tâches cognitives, en particulier des tâches dirigées vers un objectif, la neuroimagerie montre deux réseaux (The human brain is intrinsically organized into dynamic, anticorrelated functional networks 2005 et Antagonistic neural networks underlying differentiated leadership roles 2014) :

  • 1. un réseau dit à " tâches positives " (TPN ou Task-Positive Network), dans lequel l'activité cérébrale est sensiblement supérieure à la ligne de base ;
  • Réseaux dits de repos (RSN ou Resting-State Networks)
    Réseaux dits de repos (RSN ou Resting-State Networks)
    (Figure : vetopsy.fr d'après Huijbers et coll)
    2. un réseau de mode par défaut (DMN), qui avait été considéré, au départ, comme à " tâches négatives " (TNN ou Task-Negative Network), car l'activité cérébrale, dans certaines tâches, est sensiblement inférieure à la ligne de base, d'où sa nomination.
pas bien

Nous avons traité dans le chapitre général sur ces deux réseaux qu'il faut être beaucoup plus nuancé quant aux rôles du DMN (loupe fonctions du DMN).

Dans le fonctionnement cérébral, à l'heure actuelle, on différencie plusieurs réseaux dits de repos (RSN ou Resting-State Networks) (The organization of the human cerebral cortex estimated by intrinsic functional connectivity 2011) :

  • le réseau de mode par défaut (DMN),
  • le réseau de contrôle ou fronto-pariétal (CON),
  • le réseau d'attention dorsale (DAN),
  • le réseau d'attention ventrale (VAN),
  • le réseau visuel (VIS),
  • le réseau moteur (MOT).

On rajoute pour compléter les réseaux cérébraux en général, d'autres réseaux comme le réseau limbique, ce qui monte le nombre à 7, mais on peut aussi être plus précis et en compter jusqu'a à 17.

Anatomie du TPN

Le réseau à " tâches positives " (TPN ou Task-Positive Network) est généralement considéré comme un réseau reflétant une cognition à médiation externe lors de tâches qui demandent de l'attention, objectivée par des augmentations d'activation.

Imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf)
Imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf)

Alors que le TPN comprend certaines régions du cerveau associées à des processus sociaux tels que le réseau de neurones miroirs, il se distingue du réseau de mentalisation du DMN à la fois par son emplacement et par les types de tâches qui l'activent (Social cognition and the brain: A meta‐analysis 2009 et More Than a Feeling: Counter intuitive Eff ects of Compassion on Moral Judgment 2012).

Suivant les auteurs, on peut trouver différents réseaux :

1. la zone de contrôle fronto-pariétal (Evidence for a Frontoparietal Control System Revealed by Intrinsic Functional Connectivity 2008) ;

2. le réseau d'attention dorsale, i.e. le sillon intrapariétal, des parties des sillons précentral et frontal et le gyrus frontal moyen (The human brain is intrinsically organized into dynamic, anticorrelated functional networks 2005) ;

3. le réseau d'attention ventrale (Spontaneous neuronal activity distinguishes human dorsal and ventral attention systems 2006 et Rethinking the role of the rTPJ in attention and social cognition in light of the opposing domains hypothesis: findings from an ALE-based meta-analysis and resting-state functional connectivity 2013) ;

Réseau à tâches positives (TPN ou Task-Positive Network)
Réseau à " tâches positives " (TPN ou Task-Positive Network)
(Figure : vetopsy.fr d'après Boyatzis et coll)

4. le réseau moteur, i.e. régions du gyri frontal précentral, postcentral et médial, les cortex sensori-moteurs primaires et la zone motrice supplémentaire ;

5. le réseau sensori-moteur qui correspond au réseau moteur avec le réseau visuel postérieur (cortex occipital rétinotopique et la région temporo-occipitale) et le réseau auditif, i.e. phonologique (cortex temporal supérieur bilatéral).

Dualité TPN/DMN

1. Le TPN est activé et le DMN désactivé par :

  • une grande variété de tâches non sociales impliquant une attention focalisée,
  • la mémoire de travail,
  • le langage,
  • le raisonnement logique,
  • le raisonnement mathématique et
  • le raisonnement causal/mécanique.

Ces processus sont largement associés à la concentration et à l'exécution de tâches bien définies qui sont de nature non sociale, comme les mesures, les prévisions, la résolution de problèmes… ainsi que l'engagement social stratégique pour la réalisation des tâches (fMRI reveals reciprocal inhibition between social and physical cognitive domains 2012).

Réseau du mode par défaut (DMN)
Réseau du mode par défaut (DMN)
(Figure : vetopsy.fr d'après Boyatzis et coll)

2. L'activation du DMN ou du TPN est le résultat du type de réflexion qu'une personne s'engage pour accomplir une tâche donnée, indépendamment du fait que la tâche soit orientée vers l'extérieur ou vers l'intérieur (par exemple, se rapporte aux stimuli perçus par rapport aux informations rappelées de mémoire).

  • Lorsqu'une personne s'engage dans une tâche non sociale exigeante sur le plan cognitif, l'objectif sera plutôt analytique. Dans ce cas, le TPN aura plus tendance à être activé et le DMN plus tendance à être désactivé.
  • Zones cérébrales sensibles au domaine cognitif et zones antagonistes
    Zones cérébrales sensibles au domaine cognitif et zones antagonistes
    (Figure : vetopsy.fr d'après Jack et coll)
    Lorsqu'une personne s'engage dans une tâche qui implique la mentalisation et/ou la réflexion sur la signification affective, son objectif aura plutôt un rôle social et/ou relationnel. Dans ce cas, le DMN aura plus tendance à être activé et le TPN plus tendance à être désactivé.

D'après Jack, la dualité entre le TPN et le DMN « reflète une forte tendance humaine à différencier les personnes conscientes et les objets inanimés dans nos attitudes et modes d'interaction » (fMRI reveals reciprocal inhibition between social and physical cognitive domains 2013)

Cette hypothèse est intéressante car elle pourrait expliquer certains comportements humains (machiavélisme, déshumanisation, manque d'empathie).

3. Toutefois, ces réseaux travaillent en coopération les uns avec les autres et réalisent un type de traitement cognitif différent de l'empathie pure ou du raisonnement analytique pur et reflètent plutôt des positions cognitives flexibles qui peuvent être déployées en fonction des attitudes et du rôle adoptés par l'individu (Competitive and cooperative dynamics of large-scale brain functional networks supporting recollection 2012).

La dualité de la tâche/relation, inanimé/animé, sociales/non sociales peuvent être trouvées dans la personnalité, la motivation, la dynamique de groupe, la socialisation, le conflit, la confiance, la prise de décision, la pleine conscience et le raisonnement moral.

  • Lorsque nous disons que les gens sont " manipulateurs " ou " calculateurs ", la métaphore peut avoir un sens car ils utilisent des régions cérébrales TPN impliquées dans le contrôle de la motricité fine et/ou le raisonnement mathématique pour opérer sur des représentations sociales (Evidence for social working memory from a parametric functional MRI study 2012).
  • Bien que ce mode cognitif implique un sentiment de distance sociale ou émotionnelle, il est clairement utile de penser " stratégiquement " ou " politiquement "de cette manière à l'occasion. Cela se reflète dans l'observation selon laquelle le raisonnement social stratégique joue un rôle crucial dans la recherche sur le leadership.

Par exemple, certains auteurs font la distinction entre l'intelligence émotionnelle (IE) et l'intelligence sociale (SI).

  • Zones cérébrales sensibles au domaine cognitif et zones antagonistes
    Rôles DMN et TPN
    (Figure : vetopsy.fr)
    L'intelligence émotionnelle est définie comme la capacité des individus à reconnaître leurs propres émotions et celles des autres, à discerner les différents sentiments et à les étiqueter de manière appropriée, à utiliser informations émotionnelles pour guider la réflexion et le comportement, et gérer et/ou ajuster les émotions pour s'adapter aux environnements ou atteindre ses objectifs. Le TPN doit être plus actif que le DMN.
  • L'intelligence sociale n'est pas axée sur les tâches (par exemple, agir avec compassion) et recrute donc principalement le DMN. Les compétences SI sont liées au système nerveux parasympathique (Emotional and social competency inventory 2017)

Le TPN utiliserait plus le système sympathique et le DMN le système parasympathique (The Autonomic Brain: An Activation Likelihood EstimationMeta-Analysis for Central Processing of Autonomic Function 2013).

étonné

Mais attention, rien n'est jamais tout blanc ou tout noir et le cerveau est trop compliqué pour en faire une division aussi simpliste, à part, peut-être chez les shadocks !

Bibliographie
  • Barone R. - Anatomie comparée des mammifères domestiques : Tome 6, Neurologie I, sytème nerveux central - Vigot Frères, 652 p., 2004
  • Kahle W. - Anatomie, Tome 3 Système nerveux et organes des sens - Flammarion Médecine-Sciences, 423 p., 2007
  • Marieb E. N. - Anatomie et physiologie humaines - De Boeck Université, Saint-Laurent, 1054 p., 1993
  • Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M. - Psychobiologie  - DeBoeck Université, Bruxelles, 849 p., 1998
  • Purves D., Augustine G.J., Fitzpatrick D., Katz L.C., Lamantia A-S, McNamara J.O., Williams S.M. - Neurosciences - De Boeck, 800 p., 2003
  • Kolb B., Whishaw I. - Cerveau et comportement - De Boeck, 646 p., 2002
  • Bear M.F., Connors B.W., Paradiso M.A. - Neurosciences : à la découverte du cerveau - Masson-Williams, 654 p, 1997