La lactation est une fonction physiologique des femelles de mammifères
qui se traduit par l'élaboration et la sécrétion du
lait par les glandes mammaires des femelles de Mammifères après la parturition.
Chez la chienne, dans un certain nombre de cas (65% environ),
un développement mammaire et une lactation peuvent survenir sur des
femelles qui n'ont pas été saillies.
On
appelle ce phénomène une lactation de pseudogestation ou encore une pseudocyèse.
Elle survient, en générale,
dans les deux mois qui suivent les chaleurs, comme si la chienne avait mis
bas.
La chienne peut présenter les mêmes
symptômes qu'une chienne allant mettre bas.
Chienne pseudogestante
avec ses substituts de petits
Les mamelles sont, en règle générale, développées
et laissent sourdre du lait lorsqu'on appuie sur les tétines (surtout
des dernières mamelles).
La chienne construit un nid, se promène avec des objets qu'elle
peut garder comme ses bébés.
Quelquefois, les symptômes sont beaucoup
plus frustes :
La chienne est excitée, pleure tout le temps sans raison. Elle
peut ne pas manger pendant une semaine de suite.
Les mamelles ne sont pas très développées et ne
laissent pas échapper de lait.
On parle alors de grossesse nerveuse, qui n'a rien à voir avec celle de la femme.
Étiologie
L'étiologie de ce syndrome qui, nous verrons, n'en est pas
forcément un - cela dépend de quel côté on se
place - est du hormonalement au déséquilibre progestérone/prolactine
que nous observons dans toute fin de gestation.
Chez la chienne, les événements hormonaux, lors de gestation ou pseudogestation, sont presque identiques.
Hormones pendant le cycle oestral chez la chienne (d'après Concannon)
(Figure : vetopsy.fr)
Chez la chienne, si la fécondation n'a pas eu lieu, le corps jaune dégénère : le taux de progestérone
s'effondre entre le 62ème et le 64ème
jour après le pic de LH, date de la parturition que la chienne soit
pleine ou non.
Chez
la femme, le corps jaune dégénère rapidement (10 jours
environ) si la fécondation n'a pas eu lieu alors qu'il persiste 2 à 3 mois, avant que le placenta prenne le relais.
Pour nous, vétérinaires comportementalistes et zoopsychiatres, cette particularité
hormonale a une explication éthologique.
Dans une meute de chiens, seul le couple de dominant a le droit
de se reproduire (prérogative de dominant), ce qui peut avoir des conséquences fâcheuses
si la chienne dominante meure.
Qui va alors élever les petits ? Dame
nature a bien fait les choses.
Lorsque la chienne dominante a ses chaleurs, ses phéromones
synchronisent les chaleurs de toutes les femelles subalternes (phéromones
modificatrices - primer pheromones -).
Il faut traiter impérativement la lactation de pseudogestation
pour éviter les récidives et les complications de mammites ou de tumeurs mammaires par la suite.
Il
faut donner des traitements hormonaux dont les seuls vraiment efficaces
sont ceux qui diminuent la sécrétion de la prolactine par
l'hypophyse : les antiprolactines.
Les molécules les plus utilisées et qui ne présentent
pas de danger sont des alcaloïdes dérivées de l'ergot
de seigle.
La bromocriptine, autre dopaminergique, est moins efficace
et provoque de nombreux effets secondaires : nausées, vomissements,
anorexie.
La métergoline a un effet anti-sérotoninergique,
ce qui peut aggraver des troubles comportementaux (agitation, anxiété).
La sérotonine facilite la libération d'ocytocine
et de prolactine
en agissant directement sur l'hypothalamus.
Les progestagènes, à effet anti-prolactine, sont à éviter car
les effets secondaires peuvent être nombreux : sur les cycles ovariens en premier lieu, sur l'utérus avec un risque d'infections non négligeables (métrites),
mais également sur une prise de poids importante par son effet orexigène.
Ces traitements ne peuvent être prescrits que par un vétérinaire
: un examen sérieux de votre chienne et un diagnostic précis
doivent être absolument effectués.
Traitement des récidives
Le traitement le plus radical, si vous ne voulez pas de petits, est de faire
stériliser la chienne, ce qui évitera un grand nombre de pathologies par la suite,
en particulier les tumeurs mammaires.
La chirurgie doit être effectuée bien
entendu lorsque toute lactation aura été supprimée
par le traitement médical (cf. plus haut)
!