Structure sociale des chats " free roaming " :
vie en groupe : colonie

Citation

« Tout groupe… prend sa richesse dans la communication, l'entraide et la solidarité visant à un but commun : l'épanouissement de chacun dans le respect des différences. »

Françoise Dolto

Sommaire

Formation de groupes

La formation de groupes est subordonnée à l'existence d'une source de nourriture abondante et localisée en un ou plusieurs points précis. L'existence de ces sources de nourriture est la conséquence d'une activité humaine généralement involontaire (dépotoirs) ou parfois volontaire (protecteurs des chats).

Nourrisseur de chatsUne population de chats vivant au centre de Rome (Area Sacra del largo Argentina) est nourrie principalement par des protecteurs d'animaux. Cette aire sacrée comprend plusieurs temples dont le plus ancien date du Vème siècle avant JC. Les niveaux de construction se sont succédé et ces édifices sont situés, à l'heure actuelle, plusieurs mètres en contrebas des édifices modernes. Les chats qui vivent à l'intérieur de l'enceinte ne peuvent pas en sortir : ils sont stérilisés, tatoués et vaccinés. Toutes les photos et les films sur les chats de Rome que j'ai réalisés proviennent de cet endroit.

Les chats d'un village de pêcheurs japonais s'alimentent essentiellement à partir de déchets de poissons.

Des groupes de chats vivant dans les docks du port de Portsmouth trouvent leur subsistance dans des dépotoirs.

Plusieurs auteurs ont étudié des chats vivant en milieu rural autour de fermes. Leur alimentation est en partie fournie par l'homme, mais la chasse des rongeurs en constitue une source importante de même que des prélèvements effectués dans l'aliment destiné au bétail.

Chats romains (Area Sacra)Les groupes sont constitués de femelles, généralement apparentées, accompagnées de leur progéniture et de mâles impubères.

  • Un ou plusieurs mâles adultes sont plus ou moins attachés à un ou plusieurs groupes de femelles, le domaine vital d'un mâle étant parfois beaucoup plus grand que celui d'un groupe.
  • Cette organisation peut évoluer vers un vrai matriarcat.

Le nombre moyen d'individus se situe habituellement entre 2 et 10, mais peut parfois atteindre des valeurs beaucoup plus grandes et dépasser la centaine.

  • La taille du groupe dépend de l'importance de la source alimentaire et du taux de mortalité chez les jeunes.
  • Les jeunes mâles quittent le groupe entre un an et demi et trois ans et ne se reproduisent normalement pas avec des femelles qui leur sont apparentées.

Les domaines vitaux de chaque femelle d'un groupe se recouvrent très largement, mais n'empiètent jamais sur le domaine vital d'une chatte étrangère au groupe ou sur celui d'un autre groupe.

Chats romains (Area Sacra)Le domaine vital d'un groupe de femelles constitue peut-être un territoire.

  • Le nid communautaire et les sources alimentaires principales sont en effet défendus contre les intrus.
  • Cependant, aucune étude systématique n'a encore été menée qui l'établirait avec certitude et il est douteux qu'une territorialité existe lorsque la densité de population est très élevée.

Le groupe est stable : les femelles changent rarement de groupe et repoussent les chats étrangers mâles et femelles surtout lorsqu'il y a des chatons.


Il semblerait qu'il y ait donc un attachement à la colonie !


Interactions sociales

Interactions sociales générales

Les chattes d'un même groupe élèvent en commun leurs chatons.

  • Les comportements associés à l'accouchement (section du cordon ombilical, ingestion des arrière-faix, léchage des nouveau-nés) peuvent être produits par une autre femelle que la mère.
  • Il en est de même pour l'allaitement et le fait de ramener des proies au nid où plusieurs portées différentes sont souvent mêlées.
  • Il y a présence :

Chats romains (Area Sacra)Cette coopération donne une plus grande chance de survie aux jeunes et constitue l'avantage biologique de la formation d'un groupe de femelles.

La natalité y est faible (1 portée de 1 à 3 chatons/an) avec une forte mortalité.

Entre les mâles, aucune activité de coopération n'a été observée.

Hiérarchie ?

La hiérarchie par dominance existe-elle chez le chat ? Il semble bien que non !

Dans les populations très denses, les mâles s'intègrent aux groupes. Certains auteurs considèrent y avoir observé une hiérarchie de dominance assez floue constatée sur la base du comptage du nombre de combats gagnés, du nombre des attitudes de menace et de la fréquence du frottement de la tête sur des objets. Les domaines vitaux se recouvrent à ces endroits, mais il existe un système de partage du temps : deux congénères ne chassent jamais simultanément dans la même zone.

Les interactions se produisent principalement entre mâles et femelles adultes, entre les sujets subadultes et entre les femelles et les chatons.

Bagarre de chats romains (Area Sacra)La hiérarchie confère un certain nombre de prérogatives : le dominant possède des privilèges par rapport à un autre individu, le dominé. Les prérogatives de dominant chez le chien sont :

La dominance a des avantages pour les deux parties.

  • le dominé reçoit protection, aide et nourriture.
  • Les rituels d'apaisement et de soumission réduisent la probabilité de déclenchement des agressions, donc de blessures graves (infos).
  • Ils diminuent l’anxiété et sont un facteur de cohésion sociale.

Ces rituels n’existent pas chez le chat.

En présence d’un chat inconnu, il privilégie la fuite car les bagarres sont violentes et incontrôlées. Elles se terminent souvent par des abcès (au niveau de la tête pour le gagnant et de l'arrière-train pour le perdant).


Lors de conflits, être couché sur le côté permet au chat d'utiliser toutes ses armes (griffes des quatre pattes et dents). Cette posture défensive dite posture de rupture ne doit pas être confondue avec la position de soumission chez le chien.

Chats dormant ensemble (Association preferentielle)Plutôt que grâce à des rapports dominant/dominé, la cohésion d'un groupe semble maintenue par un " ciment " d'interactions par le marquage olfactif ( infos) :

Plusieurs stratégies sont possibles :

  • c'est le plus souvent le premier arrivé qui a l'avantage, par exemple lors des repas ;
  • deux chats possèdent des prérogatives sur un même territoire, mais pas aux mêmes moments de la journée ;
  • deux chats dorment et mangent ensemble ;

La cohésion d'un groupe d'animaux peut être renforcée par la formation de liens ou associations préférentielles entre paires d'individus ("relations affectives", si l'on veut utiliser une terminologie anthropomorphique).

Lorsqu'une association préférentielle est formée, les deux animaux concernés passent plus de temps ensemble (distance inférieure à la distance interindividuelle du groupe).

Ce type de relation se constitue entre la mère et les petits, puis entre les chatons de la portée, mais disparaît en règle générale ensuite.

Cette tendance à nouer des relations préférentielles est très marquée chez le chien et sont un facteur essentiel dans la stabilité du groupe (infos).

Nous ne pouvons donc pas parler de hiérarchie de dominance où un individu exerce tous les pouvoirs.

Comportements exercés en commun quelles que soient les circonstances

Les comportements exercés en commun sont :

  • le sommeil (si interaction sociale forte),
  • les jeux,
  • l'alliance pour chercher de la nourriture qui entraîne une inhibition des comportements d'agression.

Structure sociale des félins sauvages Vie solitaire du chatVie en groupe du chat
Chat de compagnie

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'éthogramme du chat - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Aron S., Passera L. - Les sociétés animales - DeBoeck Université, Bruxelles, 336 p., 2000
  • Goldberg - Les Sociétés animales. Communication, hiérarchie, territoire, sexualité, Delachaux et Niestlé, 1998.
  • Dehasse J. - Tout sur la psychologie du chat - Odile Jacob, Paris, 604 p., 2005
  • Wright M., Walters S. - Le livre du chat - Septimus éditions, 256 p., 1980
  • Cours de base du GECAF