• Comportement du chien et
    du chat
  • Celui qui connait vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme
    • Konrad Lorenz
  • Biologie, neurosciences et
    sciences en général
  •  Le but des sciences n'est pas d'ouvrir une porte à la sagesse infinie,
    mais de poser une limite à l'erreur infinie
    • La vie de Galilée de Bertold Brecht

Transport des lipides : lipoprotéines
Apolipoprotéines
ApoE : structure et fragments

Sommaire
définition

L'apolipoprotéine E (apoE) est une protéine plasmatique impliquée dans le métabolisme des lipides et, en tant que composant des lipoprotéines, médie leur absorption cellulaire en se liant aux récepteurs de surface cellulaire.

Dans le métabolisme lipidique, l'apoE est retrouvée sur :

étonné

Toutefois, l'apoE, protéine sécrétoire, est retrouvée dans de nombreux organites cellulaires et ses fonctions sont encore en cours de d'études.

Vue d'ensemble de l'apoE

1. L'apoE humaine est synthétisée et sécrétée principalement par deux pools indépendants :

2. En effet, l'apoE n'est pas capable de traverser la barrière hémato-encéphalique (Apolipoprotein E does not cross the blood-cerebrospinal fluid barrier, as revealed by an improved technique for sampling CSF from mice 2012 et Central Nervous System Lipoproteins ApoE and Regulation of Cholesterol Metabolism 2016).

a. Les niveaux de protéine apoE dans le plasma sont significativement plus élevés que dans le liquide céphalo-rachidien ou LCR (Total apolipoprotein E levels and specific isoform composition in cerebrospinal fluid and plasma from Alzheimer’s disease patients and controls 2014).

b. Les apoE du LCR contiennent sept sites d'O-glycosylation (O-glycosylation on cerebrospinal fluid and plasma apolipoprotein E differs in the lipid-binding domain 2020 et The known unknowns of apolipoprotein glycosylation in health and disease 2022).

  • Deux sites (Thr-26 et Thr-36) sont dans la région N-terminale (région de liaison au récepteur),
  • deux (Thr-212 et Ser-215) dans la région charnière ou dans l'extrémité C-terminale selon les auteurs, i.e. la numérotation des résidus n'étant pas identique, ,
  • trois sites (Thr-307, Ser-308 et Ser-314) à l'extrémité C-terminale (région de liaison aux lipides).
pas bien

On ne peut extrapoler les rôles de l'apoE dans le cerveau aux tissus périphériques.

Structure générale de l'apoE

L'expression du gène apoE humain, situé sur le chromosome 19 q13.32, produit une protéine de 317 résidus, à partir de laquelle l'apoE mature d'une longueur de 299 acides aminés (loupe apolipoprotéines et groupes de gènes et Functional diversity of apolipoprotein E: from subcellular localization to mitochondrial function 2022).

Groupe de gènes APOE/C1/C2/C4 (chromosome 19)
Groupe de gènes APOE/C1/C2/C4 (chromosome 19)
(Figure : vetopsy.fr d'après Fuior et coll)

L'ApoE contient trois domaines principaux (The LDL receptor binding domain of apolipoprotein E directs the relative orientation of its C-terminal segment in reconstituted nascent HDL 2021) :

  • le domaine N-terminal,
  • le domaine charnière,
  • le domaine C-terminal.
Structure de l'apoE
Structure de l'apoE
(Figure : vetopsy.fr)

Domaine N-terminal (NTD)

Le domaine N-terminal (1-191) est constitué de 4 longues hélices amphipathiques :

  • H1 (26–40), H2 (55–79), H3 (89–125),
  • H4 (131-164) contient le site de liaison aux récepteurs des lipoprotéines, i.e. LDLR et LRP1 (134-150).

1. Le domaine N-terminal de l'apoE est plus stable que celui des autres apolipoprotéines échangeables.

  • Sa structure comprend des ponts salins inter et intra-hélicoïdaux et des interactions hydrophobes telles que l'empilement aromatique et les glissières à leucine (leucine zipper) conférant une résistance au dépliement et à l'ouverture du faisceau d'hélice.
  • Les interactions hélice/hélice sont plus fortes que celles hélice/lipide, une caractéristique essentielle à son rôle de ligand pour LDLR, i.e. le faisceau d'hélice, empêchant ainsi une clairance prématurée.

2. Lors de l'interaction, le faisceau d'hélices s'ouvre et les faces non polaires des hélices sont en contact avec les lipides (Apolipoprotein E: structure determines function, from atherosclerosis to Alzheimer's disease to AID 2009).

ApoE et réorganisation des hélices N-terminales
ApoE et réorganisation des hélices N-terminales
(Figure : vetopsy.fr d'après Mahley et coll)

Domaine charnière

La région charnière flexible intermédiaire (192-200) relie les domaines N- et C-terminaux.

Domaine C-terminal (CTD)

Le domaine C-terminal (201-299) contient (Topology of human apolipoprotein E3 uniquely regulates its diverse biological functions 2011) :

  • trois hélices, i.e. C1 (210-223), C2 (236-266) et C3 (271-276),
  • le site de liaison aux lipides (244-272).
  • la boucle C (277-299).

Le domaine CTD de l'apoE est moins stable que le domaine NTD, avec des propriétés thermodynamiques comparables aux autres apolipoprotéines.

1. Les trois hélices (210-276) favorisent l'interaction hélice-hélice en absence de lipide, ou l'interaction hélice-lipide à l'état associé aux lipides (The LDL receptor binding domain of apolipoprotein E directs the relative orientation of its C-terminal segment in reconstituted nascent HDL 2021).

  • C1 et C2 seraient pliées en hélices α amphipathiques de classe A, i.e. résidus chargés positivement regroupés à l'interface polaire/non polaire et résidus chargés négativement au centre de la face polaire, préférant les interactions hélice-lipide aux interactions hélice-hélice.
  • Les résidus 268-289 forment une hélice de classe G , i.e. répartition aléatoire des résidus négatifs et positifs autour du périmètre de la face polaire (The amphipathic helix in the exchangeable apolipoproteins: a review of secondary structure and function 1992).

Les résidus 266–289 seraient impliqués dans la tétramérisation des protéines (Contributions of the Carboxyl-Terminal Helical Segment to the Self-Association and Lipoprotein Preferences of Human Apolipoprotein E3 and E4 Isoforms 2008).

Orientations du domaine C-terminal sur une rHDL
Orientations du domaine C-terminal sur une rHDL
(Figure : vetopsy.fr d'après Kothari et coll)

2. Ainsi, le domaine C-terminal ancre la protéine entière à une particule de lipoprotéine, permettant au domaine N-terminal d'être :

  • soit dans un état de faisceau d'hélice sans lipide,
  • soit dans un état ouvert lié aux lipides.

Les modèles de cette interaction avec les lipoprotéines peuvent prendre plusieurs orientations dans les rHDH, i.e. HDL résiduelles ou remnants de HDL :

  • anti-parallèle ou en épingle à cheveux pour les monomères,
  • parallèle pour les dimères.

3. La transition entre les conformations ouvertes et en faisceau d'hélice d'une apoE ancrée semble être régulée par la disponibilité des surfaces lipidiques hydrophobes sur une particule de lipoprotéine (loupe pression de surface).

bien

L'ancrage de l'apoE à une surface lipidique est une première étape essentielle pour faciliter l'ouverture du faisceau d'hélices et l'interaction des récepteurs du domaine N-terminal, conduisant à une éventuelle clairance cellulaire de la particule de lipoprotéine du plasma.

Structure de l'apoE
Structure de l'apoE
(Figure : vetopsy.fr)

Modèle hypothétique de liaison à la lipoprotéine

Le modèle hypothétique décrit deux étapes.

1. La première étape, réversible et rapide, implique l'interruption induite par la liaison des lipides des interactions de domaine, favorisant la dissociation séquentielle du domaine C-terminal et des domaines charnières du domaine N-terminal.

2. La deuxième étape, réversible et lente, implique l'ouverture du faisceau d'hélices NT à l'extrémité de la boucle.

La structure finale associée aux lipoprotéines de l'apoE3 est une conformation complètement ouverte, contenant deux lobes C et N-terminal reliés par le domaine charnière

  • Les deux lobes interagissent avec la surface des lipoprotéines, fournissant la surface de liaison aux lipoprotéines maximale possible.
  • La principale région de liaison au LDLR dans cette conformation est entièrement exposée en raison de la suppression des interactions entre les hélices 3 et 4 ce qui entraîne un potentiel de charge positive accru pour l'activité de liaison au récepteur optimisée.

3. Ce processus est essentiel car il garantit que seule l'apoE entièrement lipidée est capable de se lier aux LDLR avec une activité optimale

  • La principale région de liaison au LDLR est protégée par le domaine C-terminal qui empêche l'apoE sans lipides de se lier prématurément aux récepteurs de l'apoE.
  • La conformation inactive du faisceau d'hélices N-terminal sans lipides empêche à la fois l'apoE sans lipides et partiellement lipidée de se lier au récepteur.

Isoformes de l'apoE

Vue d'ensemble

Chez l'homme, trois isoformes diffèrent par des substitutions d'acides aminés uniques sur deux sites clés 112/158, composés soit d'une cystéine (C), soit d'une arginine (R) situés dans la région N-terminale (Apolipoprotein E isoforms and lipoprotein metabolism 2014) :

  • apoE4 (Arg112/Arg158), i.e. ε4,
  • apoE3 (Cys112/Arg158), i.e. ε3,
  • apoE2 (Cys112/Cys158), i.e. ε2, la moins fréquente et donc, la moins étudiée.

Propriétés des isoformes

Le polymorphisme des apoE affecte leurs propriétés (Apolipoprotein E - A Multifunctional Protein with Implications in Various Pathologies as a Result of Its Structural Features 2017).

1. Le domaine de liaison au récepteur de l'apoE est enrichi en résidus basiques d'arginine et de lysine, qui interagissent avec les acides aminés acides de LR (ou LA) de LDLR (loupeLBD ou Ligand Binding Domain de LDLR).

Isoformes de l'apoE
Isoformes de l'apoE
(Figure : vetopsy.fr d'après Fernandez et coll)

2. Dans l'apoE4, Arg112 modifie la région de liaison des lipides et déplace la préférence de liaison des lipides des HDL (lipoprotéines de haute densité) vers les VLDL (lipoprotéines de très basse densité).

a. L'interaction entre les acides aminés 61 et 112 influence la liaison aux lipoprotéines.

C'est la principale raison expliquant la forte affinité de l'apoE4 pour les VLDL tandis que l'apoE3 et l'apoE2 se lient aux HDL (lipoprotéines de haute densité).

b. L'apoE4 présente une plus grande dynamique dans l'ouverture de la structure (Fluorescence Study of Domain Structure and Lipid Interaction of Human Apolipoproteins E3 and E4 2014 et Structural differences between apoE3 and apoE4 may be useful in developing therapeutic agents for Alzheimer’s disease 2012).

3. De plus, la stabilité à la dénaturation chimique (stabilité E4< E3< E2) et l'auto-association diffèrent entre les isoformes (Structural differences between apolipoprotein E3 and E4 as measured by 19F NMR 2009).

Expression subcellulaire de l'apoE

1. L'apoE est une protéine sécrétoire qui a également été localisée à l'intérieur de la cellule dans de nombreux organites (Functional diversity of apolipoprotein E: from subcellular localization to mitochondrial function 2022) :

2. Par conséquent, il doit y avoir d'autres mécanismes ou voies par lesquels l'apoE pénètre dans le noyau et dans les mitochondries.

L'apoE pourrait pénétrer dans les mitochondries et les MCS comme les glycoprotéines et les protéines mal repliées (ER-misfolded proteins become sequestered with mitochondria and impair mitochondrial function 2021).

  • La sécrétion de cargos mal repliés par le réticulum endoplasmique (RE) et structurellement modifiés dans les mitochondries peut expliquer l'apparition de fragments apoE dans la mitochondrie.
  • Le clivage protéolytique de l'apoE donne des fragments avec des caractéristiques de repliement altérées, qui peuvent être reconnus comme mal repliés et donc transférés aux mitochondries pour la séquestration.

Protéolyse et fragments d'apoE

Divers fragments d'apoE, de longueur variable (quelques acides aminés jusqu'à 29 kDa) sont généralement tronqués à l'extrémité C-terminale, résultant de clivage protéolytique sont retrouvés.

pas bien

Les fragments apoE détectés ont des effets indésirables.

Fragments de l'apoE et rôles biologiques
Fragments de l'apoE et rôles biologiques
(Figure : vetopsy.fr d'après Munoz et coll)

1. Dans le cerveau, ces fragments ont tendance à avoir des effets néfastes et sont souvent associés à la maladie d'Alzheimer (Understanding the Role of ApoE Fragments in Alzheimer's Disease 2019). Par exemple, certains :

  • ont des effets cytotoxiques,
  • diminuent la clairance des peptides β-amyloïdes (Aβ),
  • s'accumulent dans les cerveaux alzheimériens (AD) et provoquent une neurodégénérescence de type AD chez la souris.
Trafic d’un fragment d’apoE (1-151) dans le noyau
Trafic d’un fragment d’apoE (1-151) dans le noyau
(Figure : vetopsy.fr d'après Rohn et coll)

Remarque : on retrouve des fragments dans les hépatocytes, mais aussi des petits peptides de 17 à 30 acides aminés qui ont une activité antimicrobienne (A new cryptic cationic antimicrobial peptide from human apolipoprotein E with antibacterial activity and immunomodulatory effects on human cells 2016)..

2. Dans les mitochondries, on retrouve un fragment de 29kDa (acides aminés 1 à 272) qui provoque (Lipid- and receptor-binding regions of apolipoprotein E4 fragments act in concert to cause mitochondrial dysfunction and neurotoxicity 2005) :

3. Dans le noyau, un fragment d'apoE de 17 kDa (1-151) est un facteur de transcription qui peut entrainer l'apoptose comme dans les cellules microgliales (Nuclear uptake of an amino-terminal fragment of apolipoprotein E4 promotes cell death and localizes within microglia of the Alzheimer’s disease brain 2017 et Nuclear Localization of Apolipoprotein E4: A New Trick for an Old Protein 2017).

Fonctions de l'apoE