Conditionnement classique
Lois

Citation

« Les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses. »

Montesquieu

Sommaire

Comme pour le conditionnement opérant, un certain nombre de lois régissent le conditionnement opérant : certaines sont communes aux deux formes.

Loi de la contiguïté temporelle

dans le conditionnement classique


Un animal apprend à anticiper et acquiert une RC dans la mesure où le SN et le SI sont appariés de manière temporellement contiguë.


On a établi que ce SN doit être suivi par le SI dans un délai de quelques secondes (0,5 à 10 s) pour que l'association entre les deux soit installée.

  • Ivan Petrovitch Pavlov (1849-1936) avait estimé ce délai à 0,5 s. Les études scientifiques récentes que l'intervalle optimal est entre 200 ms et une seconde.
  • La durée optimale du délai varie selon les espèces, selon la nature de la réponse et selon la nature du SI.

La contiguïté temporelle n'est cependant pas suffisante pour établir le conditionnement. Il faut, de plus, qu'il y ait une corrélation, une contingence, entre les deux stimuli, c'est-à-dire que le SN constitue la cause ou l'indice précurseur de l'apparition du SI.

  • En effet, les études de Rescorla et Wagner ont montré que, lorsqu'un SI apparaît fréquemment en l'absence d'un SN, si, à quelques reprises seulement, ce SN survient juste avant le SI, il peut ne pas être associé avec lui.
  • Par contre, lorsque le SN précède régulièrement le SI, le conditionnement s'installe et il s'installe même si le délai est un peu plus important que dans le premier cas.

dans le conditionnement opérant


La loi de la contiguïté temporelle s'applique au conditionnement opérant, mais d'une autre manière que dans le conditionnement classique.


En effet, lorsqu'on considère le délai séparant la réponse du renforcement, il faut distinguer entre
:

Loi de la répétition et oubli


La réponse conditionnée est d'autant mieux mémorisée que le nombre d'associations entre le stimulus conditionnel et le stimulus inconditionnel est élevé, en cours de conditionnement et après conditionnement
.

Cette loi est remise en cause par l'école de la Gestalt dans des situations spécifiques (apprentissage par imitation).


Si la réponse apprise n'est pas répétée suffisamment, l'oubli peut se produire.

L'oubli est l'affaiblissement d'une réponse apprise dû au temps qui passe sans pratiquer cette réponse.

Ces lois sont identiques pour le conditionnement opérant et pour le conditionnement classique.


Dans certains cas, une seule présentation suffit comme dans le csa des réactions émotionnelles conditionnées, et en particulier, les réactions de peur.

Loi de l'extinction


Le conditionnement disparaît si on omet de présenter le stimulus inconditionnel (renforçateur) à la suite du stimulus conditionnel après qu'un certain nombre de réponses correctes ont été apportées
.

En d'autres termes, le stimulus conditionnel cesse d'être mis en association avec le stimulus inconditionnel.

Dans le cas de l'expérience de Pavlov, l'omission de la présentation de nourriture provoque la diminution de la salivation du chien, jusqu'à disparition complète de la réponse.

La loi d'extinction est identique à celle formulée pour le conditionnement opérant.


L'extinction diffère de l'oubli : dans l'extinction, le stimulus conditionnel est présenté alors qu'il ne l'est pas dans l'oubli.

L'extinction est un conditionnement inhibiteur actif : un nouvel apprentissage de la même réponse sera plus difficile.

  • L'animal apprend que le SC n'est plus suivi par le SI.
  • II sera donc plus difficile de le conditionner à nouveau. C'est un apprentissage SC-.

La disparition de la réponse se produit graduellement.


Extinction et récupération Toutefois, l'extinction ne supprime pas complètement le lien entre le SC et le SI : le SC ne redevient pas tout à fait un SN. Ce phénomène est appelé la récupération spontanée.

Cela est attesté par différents faits.

  • Si, après acquisition puis extinction d'une RC, on laisse l'animal se reposer pendant un certain temps et si on présente à nouveau le SC, la RC peut être produite.
  • D'autre part, lorsque, pendant la procédure d'extinction, un nouveau stimulus est présenté en même temps que le SC, la RC réapparaît (Odberg, 1995).
  • Enfin, si la procédure d'extinction est exécutée dans un environnement différent de celui où la RC a été installée, cette dernière est toujours produite dans le premier environnement.


Pour certains apprentissages (
réaction émotionnelle conditionnée), l'extinction ne se produit jamais ou alors seulement après un temps très long.

 

Loi de la généralisation


Une réponse à un certain stimulus apparaît aussi suite à un stimulus similaire, mais non identique
.

La généralisation se produit notamment lorsqu'on modifie une propriété particulière d'un stimulus, telle que :

  • la fréquence (d'un son, d'un signal visuel, ...),
  • l'intensité (d'une lumière rouge, verte, ...).

Si un son d'une fréquence de 1000 Hz est un stimulus conditionnel susceptible de déclencher une réponse de salivation, des sons de 950 Hz et de 1050 Hz le feront aussi.

On peut apprendre à un animal à répondre d'une façon à un signal représentant une ligne en demi-cercle. On constate qu'il répond de manière comparable à des signaux représentant un cercle.

La loi de la généralisation est identique à celle énoncée en conditionnement opérant.


Les animaux sont capables de distinguer les caractères principaux d'un stimulus, mais pas toutes les caractéristiques
.

Un chien phobique aux bruits a d'abord peur des pétards par exemple (phobie simple), puis, il généralise aux pétarades de voitures, au tonnerre, à tous les bruits qui claquent… (phobie complexe).


Cela présente une valeur adaptative car la plupart des stimuli rencontrés dans la nature, en particulier les stimuli présentant un danger, ne sont pas rigoureusement constants.

Loi de la discrimination


Une RC à un certain stimulus n'apparaît pas suite à un stimulus similaire mais non identique .

Si on présente deux SN assez similaires, l'un (SC+) suivi du SI et l'autre (SC-) jamais suivi par ce dernier, l'animal apprend :

  • à répondre au premier par conditionnement excitateur,
  • à ne pas répondre au second par conditionnement inhibiteur.

Un chien apprend à saliver à la vue d'un objet qui tourne dans le sens des aiguilles d'une montre.

  • Lorsque l'objet tourne aussi, mais dans le sens inverse, le SI ne lui est pas fourni.
  • Le chien apprend rapidement à ne saliver que quand l'objet tourne dans le sens des aiguilles d'une montre..

La loi de la discrimination est semblable à celle du conditionnement opérant.


Si la généralisation permet une meilleure adaptation du comportement appris en assouplissant les stimuli, la discrimination limite cet assouplissement.

  • Les deux phénomènes sont donc contradictoires, mais aussi complémentaires dans leur fonction adaptatrice.
  • Il est en effet important qu'un animal puisse faire la distinction entre les stimuli qui sont suivis d'événements biologiquement significatifs et ceux qui ne le sont pas.

Un chat a appris à avoir peur lorsqu'il entend le bruit du moteur d'une certaine voiture, car il l'a associé à un choc douloureux.

  • Il généralise ce bruit à ceux des moteurs de tous les autres véhicules. Cela se justifie parce qu'ils constituent également des dangers potentiels pour la vie du chat.
  • Par contre, il discrimine les bruits du moteur des pompes, des lessiveuses et des autres machines fixes. Cela se justifie parce qu'il serait inutile et même néfaste en termes de dépense d'énergie de craindre ces appareils.


Gare à la névrose expérimentale !

ApprentissageDifférentes formes d'apprentissageConditionnement classique
Différents types de CCLois du CCRéactions émotionnellesNeurobiologie du CC
Conditionnement opérantRenforcementsPunitionsHabituationSensibilisationImprégnationApprentissage par imitationApprentissage par observation
Apprentissage latentApprentissage par intuitionApprentissages complexes

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'apprentissage et ses applications - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Doré F, Mercier P. - Les fondements de l'apprentissage et de la cognition - Presses universitaire de Lille, Gaêtan Morin éditeur, 496 p., 1992
  • Malcut G., Pomerleau A., Maurice P. - Psychologie de l'apprentissage : termes et concepts - Edisem, maloine, 243 p., 1995
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990
  • Squire, Kandel - La mémoire, de l'esprit aux molécules - De Boeck, 282 p., 2002