Psychopathologie
Crainte et peur
en psychopathologie vétérinaire
Sommaire
En construction
Les définitions de la crainte et la peur sont des notions difficiles à appréhender car leurs définitions sont très variables suivant les auteurs.
En effet, les termes crainte, peur et même phobies sont souvent interchangeables alors qu'elles font appel à des concepts différents.
Définitions en psychopathologie humaine
1. Le mot " peur " dérive du latin pavor, lequel désigne l’effroi, l’épouvante et, par affaiblissement, un sentiment de crainte ainsi que l’émotion qui saisit et fait perdre le sang froid (dictionnaire historique de la langue française).
Peur ?
(Vidéo : Anna Nancoo)
Peur est devenu le nom général de l’émotion qui accompagne la prise de conscience d’un danger, avec diverses nuances d’intensité selon le contexte, en général moins fortes que frayeur, effroi.
La peur recouvre le sentiment d’un danger tant physique que moral, tangible qu’irrationnel. La locution avoir peur exprime une appréhension latente, vague.
2. Le mot " phobie " dérive du grec phobos : celui-ci désigne une fuite (due à la panique), d’où un effroi, une peur intense et irraisonnée.
" Phobe " exprime l’aversion " instinctive ", l’hostilité irraisonnée ou parfois l’absence d’affinité vis-à-vis de quelqu’un ou quelque chose.
Ailurophobie (peur des chats)
(Photo : auteur inconnu)
Les mots construits avec " phobe " comme adjectif appartiennent à la psychologie et à la psychopathologie et s’opposent, le plus souvent, à des mots composés avec " phile ".
En conclusion, en humaine, la phobie est un terme psychopathologique et par extension, désigne la peur ou l'aversion intense alors que la crainte est un sentiment et une émotion plus faible que la peur.
Définitions en psychopathologie vétérinaire
Pour nous, vétérinaires comportementalistes et zoopsychiatres, les trois termes (crainte, peur et phobie) ont des significations différentes, i.e. importantes sur le plan sémiologique.
Crainte
Conditions d'apparition
1. La crainte est (de latin tremere, trembler), c'est éprouver un sentiment de recul, d'inquiétude devant ce que l'on considère comme dangereux, douloureux ou pénible.
Agressions et proxémie
(Photo : vetopsy.fr)
Ce peut être :
un stimulus inconnu (facteur, pompier, blouse blanche, espèce inconnue…..),
un stimulus déjà rencontré et connu comme désagréable,
2. L'animal met en oeuvre des réactions comportementales pour diminuer la tension émotionnelle procurée par le stimulus et pour pouvoir s'y soustraire, i.e. la situation est dite ouverte :
Hormis la faim, la prédation est le plus souvent déclenchée par le mouvement, i.e. c’est une tactique courante chez les opossums et les souris par exemple ;
l'agression (fight), i.e. essayer de provoquer l'éloignement ou la fuite de l'adversaire.
La crainte est donc une réaction modérée
lors d'un contact avec un stimulus (connu ou inconnu), jugé faiblement
dangereux par l'animal et auquel il peut se soustraire, i.e. situation qui se produit en situation ouverte.
Peur
Conditions d'apparition
La peur est la réaction comportementale violente d'un individu face à un stimulus inconnu/connu et jugé fortement dangereux dans un milieu qui ne permet pas la fuite ou l'exploration.
La peur, orientée vers un objet précis, apparaît en situation fermée.
2. L'animal ne peut plus mettre en œuvre des réactions comme la fuite (ou l'immobilité, beaucoup plus rare) car la situation est fermée, i.e. il ne peut pas se soustraire au stimulus dangereux.
Il faut bien comprendre que la situation peut être considérée comme fermée dans deux cas.
Physiquement, le milieu ne permet ni l'exploration, ni la fuite.
Psychiquement, l'animal est " enfermé " dans sa tête et considère la problématique comme " sans issue ".
3. Cette situation fermée peut produire deux catégories de comportements.
a. Les agressions défensives sont explosives comme si la vie de l'animal était en danger, i.e. ce qui peut être le cas par ailleurs dans des situations " normales ", mais inadapté dans les états pathologiques comme l'anxiété par exemple.
2. Ces réactions sont physiologiques quand elles sont spontanément réversibles : l'animal reprend un comportement à peu près normal dès que le stimulus stressant disparaît.
L’amygdale à l’origine des réponses émotionnelles, est rendue hyperactive par la confrontation à des stresseurs majeurs et en l’absence d’une modulation ou d’une extinction due à un état de sidération du psychisme lors du traumatisme.
Remarque : vous pouvez lire de nombreuses pages sur le web sur la sidération psychique chez l'homme :