Mémoire à long terme
Encodage des informations

Citation

« L'avantage de la mauvaise mémoire est qu'on jouit plusieurs fois des mêmes choses pour la première fois. »

Friedrich Wilhelm Nietzsche

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Sommaire
  1. Généralités sur la mémoire
  2. Bref historique de la mémoire
  3. Modèles et définitions de la mémoire
  4. Différentes mémoires
      1. Mémoire à long terme (1) : encodage
        1. Qu'est-ce que l'encodage ?
          1. Intention de mémoriser
          2. Profondeur du traitement
          3. Répétition de l'information
          4. Valeur affective élevée
        2. Stratégies d'encodage
      2. Mémoire à long terme (2) : stockage
      3. Mémoire à long terme (3) : récupération
      4. Mémoire à long terme (4) : oubli
      5. Mémoire à long terme non-déclarative (1)
      6. Mémoire à long terme non-déclarative (2)
      7. Mémoire à long terme déclarative
  5. Bases neurobiologiques de la mémoire
    1. Bases neurobiologiques générales de la mémoire
      1. Assemblées cellulaires
      2. Aires corticales
    2. Bases neurobiologiques de la mémoire à court terme
    3. Bases neurobiologiques de la mémoire de travail
    4. Bases neurobiologiques de la mémoire à long terme
      1. Bases anatomiques de la mémoire à long terme non-déclarative
      2. Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative
        1. Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : découvertes
        2. Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : lobes temporaux
        3. Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : diencéphale
        4. Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : lobes frontaux
        5. Bases anatomiques de la mémoire émotionnelle : système limbique
      3. Bases moléculaires de la mémoire à long terme
        1. Bases moléculaires de la mémoire à long terme : potentialisation à long terme ou PLT (1)
        2. Bases moléculaires de la mémoire à long terme: potentialisation à long terme ou PLT (2)
        3. Bases moléculaires de la mémoire à long terme: dépression à long terme (DLT)

Bibliographie

Les processus des mémoires à long terme ( infos) sont communs (ce qui ne veut pas dire identiques) et il nous faut considérer :

Qu'est-ce que l'encodage ( infos) ?

L'encodage est un processus de traitement de l'information consistant à transformer des informations pour les rendre compatibles avec un système.


Dans l'étude de la mémoire, l'encodage est le processus qui transforme un événement ou un fait en une trace mnésique (Tulving - 1983 - infos).

Dans un laboratoire, cet encodage peut se faire par présentation de divers stimuli dans des conditions extrêmement variées.

Intention de mémoriser

L'avenir des statuesHyde et Jenkins ont étudié l'apprentissage incident (le sujet n'est pas prévenu d'une tâche de mémoire ultérieure) et l'apprentissage intentionnel (le sujet est prévenu) - infos -.

Les sujets qui retenaient le mieux étaient ceux qui jugeaient du caractère plaisant ou déplaisant des mots, montrant que c'est le niveau du traitement de l'information et non pas l'intention de mémoriser qui permet le passage en MLT.

Une expérience similaire a été effectuée sur la reconnaissance visuelle par Bower ( infos).

Le passage de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme n'est pas systématique. Ce processus est actif et s'opère :

  • soit si l'encodage est approfondi (visualisation, hiérarchisation),
  • soit si l'information est répétée,
  • soit si elle a une valeur affective importante pour le sujet.

Le passage de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme s'appelle la consolidation. Elle est fortement dépendante des interférences ( infos).

Ces constatations ont poussé Craik et Lockhart (1972) a proposé la théorie des niveaux de traitement ( infos).

Profondeur du traitement

La profondeur du traitement d'une information permet à l'individu de la restituer plus facilement par la suite.

Dans l'expérience de Hyde et Jenkins, juger si un mot est plaisant ou pas requiert un niveau plus profond de traitement que la mémorisation pure.

L'hypothèse des niveaux de traitement a été testée par Craik et Tulwing ( infos).

  • Il semblerait que plus le travail de traitement est important, plus la récupération est facile.
  • Toutefois, on s'aperçoit également que ce travail est corrélé à la durée de traitement. Or, depuis l'âge préhistorique de l'étude de la mémoire, on sait que plus le temps d'étude est long, meilleure est la rétention (article original à télécharger - infos -).

Clairvoyance de Magritte Pour cela, Craik et Lockhart ont proposé de différencier deux traitements :

  • un traitement de type I ou répétition de maintien qui serait un type de répétition mentale consistant simplement à maintenir actif des éléments en mémoire (comme l'expérience du numéro de téléphone).
  • un traitement de type II ou répétition élaborée au cours de laquelle s'effectue un traitement profond (sémantique) des items.


Plus le travail sémantique est important, plus la mémorisation en sera facilitée.

Supposons qu'on vous présente une liste de mots à apprendre, chaque mot étant visible quelques secondes. Si on ne fait que répéter le mot pendant ces quelques secondes, on ne retiendra que peu de mots. Si on imagine une histoire avec tous les mots, le rappel sera bien meilleur.

Chez certains sujets amnésiques antérogrades dont le célèbre patient H.M. ( infos) - il ne mémorise plus rien depuis son amnésie -, les traces mémorielles sont présentes, mais l'encodage déficient empêche une restitution correcte.

Répétition de l'information ( infos)

Si, pendant l'autorépétition du fameux numéro de téléphone ( infos), nous sommes perturbés par une autre activité, même très brève, l'oubli se produit : c'est un traitement de type I (maintien).

Les deux mystèresL'autorépétition de type II qui fait intervenir un traitement sémantique permet des traces mémorielles plus solides (répétition élaborée).

L'apprentissage montre que la pratique intensive permet de mieux stocker les souvenirs.

Les experts dans un domaine peuvent plus facilement se souvenir de situations relatives à leur domaine que des personnes " naïves ".

Les maîtres dans le jeu d'échec peuvent jouer simultanément plusieurs parties, même les yeux fermés et se rappeler de tous les coups joués et de la position de toutes les pièces.

Le fameux chef d'orchestre Toscanini connaissait par coeur environ 250 oeuvres pour orchestre et une centaine d'opéras. Un basson, ayant cassé une clef de son instrument, lui dit qu'il ne pourrait pas jouer cette note. Toscanini, après une réflexion de quelques minutes, lui affirma que cette note n'était pas jouée par le basson de toute la soirée.

Valeur affective élevée ( infos)

Nous enfonçons des portes ouvertes tant cet aspect est trivial !

Dans les réactions émotionnelles, le stimulus est souvent présenté une seule fois et s'ancre définitivement dans la mémoire à long terme.

Si on aime une discipline, apprendre sera beaucoup plus facile !

Stratégies d'encodage

Reportez-vous aux différents articles généraux cités dans le cadre jaune.

L'encodage est dépendant des conditions d'apprentissage, ainsi que du contexte d'apprentissage ( infos).

La durée poignardée En psychologie cognitive, de nombreuses expériences détaillent les différents processus dont :

  • l'élaboration ( infos) qui fait intervenir les souvenirs déjà présents dans la MLT ( infos),
  • l'encodage distinctif ( infos),

Plus un encodage sémantique est précis, meilleure est la rétention.

  • le processus d'organisation ( infos) .

Le fait d'associer deux représentations entre elles lors de l'encodage permet une meilleure récupération.

C'est le cas des images mentales : par exemple pour se rappeler coeur et flèche, on utilise une image. J'ai choisi cet exemple intentionnellement car on peut également s'en souvenir par notre connaissance de l'éros des Romains.

La méthode des lieux, développé par les Grecs dont le poète Simonide de Céos (Vème siècle avant J.-C.), permet l'encodage des mots en les plaçant chacun dans un endroit différent ( infos)

Certaines expériences laissent à penser que l'organisation sémantique, chez l'Homme, se fait de manière hiérarchique ( infos).

Si on fait apprendre à des individus des mots, il les classifie hiérarchiquement comme on peut le faire dans les taxinomies ( infos).

Par exemple du moins abstrait au plus abstrait : le chien est un carnivore, un mammifère, un vertébré, un animal. Si on présente les mêmes mots à un groupe de manière hiérarchique et dans un autre groupe, dans n'importe quel ordre, le premier groupe retient beaucoup plus d'items que le second.

L'art de la conversationDe manière plus générale, les individus ordonnent leurs connaissances en fonction de toutes leurs expériences vécues (terme pris au sens large). Ces classifications sont propres à chaque sujet et on parle de catégories subjectives.

Dans cette théorie, le fait de hiérarchiser les connaissances permet de faire une économie cognitive.

Toutefois, ce n'est pas aussi simple. Si on apprend des listes de mots,

  • plus les mots sont courants, plus ils sont facilement mémorisés ;
  • les mots rentrant dans certaines catégories identiques ne sont pas perçus de la même façon : les propriétés " définitoires " (avoir des ailes est une propriété définitoire d'oiseau) sont différentes des propriétés " caractéristiques " (voler est une propriété caractéristique car tous les oiseaux ne volent pas) ;
  • certains mots sont plus caractéristiques que d'autres : c'est ce que l'on appelle la typicalité (pour le mot chien, un berger allemand est un meilleur exemple qu'un basset par exemple).


Les diffusions dans les réseaux sont donc primordiaux dans la mémoire déclarative.

Stockage des informations

MémoireMémoire sensorielleMémoire à court termeMémoire de travail
Mémoire à long termeMémoire à long terme non-déclarative
Mémoire à long terme déclarativeBases neurobiologiques de la mémoire

Bibliographie
  • Doré F, Mercier P. - Les fondements de l'apprentissage et de la cognition - Presses universitaire de Lille, Gaêtan Morin éditeur, 496 p., 1992
  • Cordier F., Gaonac'h D. - Apprentissage et mémoire - Nathan, 127 p., 2004
  • Fortin C., Rousseau R. - Psychologie cognitive : une approche de traitement de l'information - Presses de l'Université du Québec, 434 p. , 1992
  • Malcut G., Pomerleau A., Maurice P. - Psychologie de l'apprentissage : termes et concepts - Edisem, maloine, 243 p., 1995
  • Roulin J.L. - Psychologie cognitive - Bréal éditeurs, 445 p., 2005
  • Purves D., Augustine G.J., Fitzpatrick D., Katz L.C., Lamantia A-S, McNamara J.O., Williams S.M. - Neurosciences - De Boeck, 800 p., 2003
  • Kolb B., Whishaw I. - Cerveau et comportement - De Boeck, 646 p., 2002
  • Bear M.F., Connors B.W., Paradiso M.A. - Neurosciences : à la découverte du cerveau - Masson-Williams, 654 p, 1997
  • Pinel J. - Biopsychologie - Pearson Education France, 508 p., 2007