Communication olfactive intraspécifique
Identification sexuelle

Citation

« Les affaires de désir ont lieu dans le nez : buée, fumée, rosée, ondes, particules, répulsions ou attractions invisibles, odeurs en creux et limaille en l'air. »

Philippe Sollers

Sommaire

Les odeurs et les phéromones sont émises dans des situations variées et contribuent, entre autres ( infos), à la communication intraspécifique (avec des congénères de la même espèce) utilisée pour la reconnaissance de l'autre.

Elles communiquent sur :

  • la reconnaissance de l'individu (appartenance à une famille, à un groupe),
  • son stade physiologique (âge, sexe, maturité et réceptivité sexuelle),
  • son statut social (position hiérarchique),
  • son état émotionnel,
  • sa localisation spatiale.


Il est évident que cette dichotomie est purement artificielle et qu'elle nous permet uniquement une classification plus pratique.

La sécrétion des glandes anales peut être émise de façon passive lors de la défécation et de façon active lors d'un stress par exemple.

Localisation des phéromones sexuelles

Chez la plupart des espèces de mammifères, les phéromones sexuelles sont sécrétées par des sécrétions vaginales en même temps que l'urine.

  • Ces phéromones sont spécifiques et contribuent à la reconnaissance du congénère et à l'isolement des espèces.
  • Toutefois, certaines espèces possèdent des phéromones voisines et une certaine hybridation s'effectue alors.

C'est le cas du chien et du loup par exemple.

La copuline est une des phéromones présentes dans les sécrétions vaginales des mammifères.

  • Son taux est maximal au moment de l'ovulation.
  • Elle provoque une montée du taux de testostérone chez le mâle.

L'élévation est d'environ 30% chez l'homme lors d'inhalation de vapeur d'eau contenant de la copuline.

Les chiens mâles sont très attirés par l'urine d'une chienne en chaleur qui est perçue à plusieurs kilomètres. L'urine contient alors des sécrétions vaginales ( infos).

Parmi un ensemble complexe de composés (comme dans toutes les sécrétions phéromonales par ailleurs), on a identifié une substance odoriférante : le méthyl-4-hydroxybenzoate, dérivé des oestrogènes.

Si on applique de petites quantités de ce produit dans le vagin ou sur la vulve d'une chienne au repos sexuel, cela provoque chez les mâles :

  • une intense exploration ano-génitale,
  • une augmentation du marquage urinaire,
  • des tentatives de monte et des érections.

Toutefois, il semblerait que les mâles soient plus attirés par l'urine que par des sécrétions vaginales seules (mélange de phéromones ou dégradation par imprégnation urinaire ?).

Les sécrétions des glandes anales d'une chienne en chaleurs est séreuse, brunâtre et dépourvue de taches noires. Si on enduit de cette sécrétion le pelage d'une chienne en repos sexuel, on observe des tentatives de monte et de copulation de la part de chiens mâles adultes.

Les femelles sont également réceptives à certaines molécules comme des androgènes.

L'androstérone 124 a été isolée des sécrétions sexuelles du porc.

Cette molécule est également présente dans la sueur axillaire et dans les urines de l'homme. Elle est plus spécifiquement perçue par la femme que par l'homme, surtout pendant la période d'ovulation ( infos).

Les glandes supracaudales sécrèteraient également des phéromones (à rôle sexuel ?).

Fonctions des phéromones sexuelles

CopulationDans les groupes sociaux complexes, comme chez le chien, le plus souvent un individu ou quelques individus sont les seuls à disperser leurs gènes.

C'est le cas du chien mâle, mais également de la femelle du dominant qui peut inhiber les chaleurs des congénères inférieures.

On trouve dans cette société un groupe inférieur d'adultes à sexualité bridée, puis des classes d'âge : nouveaux-nés, chiots, juvéniles.

Les phéromones modificatrices provoquent des changements hormonaux et de nombreux cas de figures peuvent se présenter chez les mammifères, en particulier chez les souris ( infos).

Dans les grands élevages (de chiens de laboraatoire par exemple), on observe que si deux chiennes partagent la même cage, elles entrent en chaleur en même temps, avec un décalage n'excédant pas deux à trois semaines.

Plus généralement, une certaine synchronisation des cycles est observée, avec un regroupemenrt des chaleurs à deux ou trois moments de l'année : janvier, mai et septembre (élevage de 150 animaux).

Chez les individus dominants, certains comportements, comme les combats par exemple, ont souvent été surestimés. C'était sans compter sur la communication chimique que l'on connaissait mal.

Le dominant n'est pas forcément le plus fort, mais c'est celui qui laisse un maximum d'odeurs signifiantes, donc souvent celui qui est arrivé le plus tôt à maturité sexuelle.

Par communication chimique également, les femelles coopèrent pour élever les jeunes.

Les chiennes vivant en groupe synchronisent le plus souvent leurs chaleurs (comme dans de nombreuses espèces dont l'Homme).

Cela explique également le nombre élevé de grossesses nerveuses chez la chienne. La dominante reproduit et les inférieurs hiérarchiques, qui ont été en chaleurs en même temps, font des montées de lait pour pouvoir également nourrir les petits.

Toutes ses communications chimiques sont une manière de contrôler également la surpopulation et d'éviter le trop grand nombre de conduites agressives des membres.

Des expériences sur les souris ont montré que, lors de surpopulation, les comportements d'agression, d'activité et de vigilance des mâles augmentent fortement : les vétérinaires comportementalistes diraient qu'ils sont anxieux.

Leurs surrénales sont hyperplasiques et leurs testicules sont atrophiés. Toutes ses modifications sont sous contrôle phéromonal.

OlfactionCommunication olfactiveCommunication olfactive chez le chien
Rôle dans l'attachementRôle dans l'identification passiveRôle dans les marquages
Rôle dans l'identification sexuelleCommunication olfactive chien/homme
Communication olfactive chez le chat

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'éthogramme du chien - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Leroy Y. - L'univers odorant de l'animal - Boubée, 375 p., 1987
  • Brossut R. - Phéromones : la communication chimique chez les animaux - CNRS Editions, Paris, 143 p., 1996
  • Pageat P. - La communication chimique dans l'univers des carnivores domestiques - PV, vol 28, n°181, 1997
  • Wyatt T.D. - Pheromones and animal behaviour : communication by smell and taste - Cambridge University Press, 391 p., 2003
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990
  • Pageat P. - Pathologie du comportement du chien - Editions du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort, 384 p., 1998
  • Gaultier E. - Communication canine - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000