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Fusion membranaire : mécanisme
Formation de la tige de fusion (1)
Vue d'ensemble et rôles des SNARE

Sommaire
définition

Les protéines de fusion sont censées déformer une petite zone de membrane pour former des structures en forme de pointes, i.e. la tige de fusion, qui font saillie vers le partenaire de fusion et favorisent l'étalement des lipides des feuillets externes.

La fusion membranaire est une série d'événements, dont certains très énergétiques, qui nécessite (SNARE complex assembly and disassembly 2018) :

bien

La fusion des vésicules nécessite une machinerie de fusion conservée par l'évolution et composée par plusieurs protéines (loupe machinerie de fusion).

Vue d'ensemble de la formation de la tige de fusion

La force mécanique exercée par les protéines de fusion peut permettre l'apposition des deux membranes, au moins pour induire des contacts ponctuels (Fusion pores and their control of neurotransmitter and hormone release 2017).

Étapes de la fusion
Étapes de la fusion
(Figure : vetopsy.fr d'après Sharma et coll)

1. Les protéines de fusion sont censées déformer une petite zone de membrane pour former des structures en forme de pointes, i.e. la tige de fusion, qui font saillie vers le partenaire de fusion et favorisent l'étalement des lipides des feuillets externes (SNAREs, tethers and SM proteins: how to overcome the final barriers to membrane fusion? 2020).

La tige de fusion est rhombohédrique (A Rhombohedral Phase of Lipid Containing a Membrane Fusion Intermediate Structure 2003 et Energetics of stalk intermediates in membrane fusion are controlled by lipid composition 2012).

2. L'hémifusion est l'étape dans laquelle les feuillets externes sont fusionnés.

  • Les lipides peuvent passer entre les feuillets externes, mais les feuillets internes séparés empêche le mélange des contenus.
  • Toutefois, l'hémifusion pourrait être en équilibre avec de petits pores de fusion qui oscillent (loupe évolution du pore de fusion).
bien

L'hémifusion semble être un intermédiaire universel qui peut être observé dans les réactions de fusion entre bicouches purement lipidiques ainsi que dans la fusion protéique entre membranes physiologiques (Mechanics of membrane fusion 2008).

Tige de fusion (hémifusion)
Tige de fusion (hémifusion)
(Figure : vetopsy.fr d'après Grubmüller et coll)

Remarque : d'autres modèles existent cependant, comme la fusion par des structures hybrides protéo-lipidiques ou par des canaux entièrement protéiques (Structure and function of fusion pores in exocytosis and ectoplasmic membrane fusion 1995).

Élargissement de la tige
de fusion : hémifusion

L'expansion de la tige, appelée aussi " expansion radiale de la tige ", est caractérisée par la formation d'un contact initial entre les feuillets (Expansion of the fusion stalk and its implication for biological membrane fusion 2014).

Cette expansion ne se déroule pas nécessairement de manière radiale, on peut aussi utiliser le terme d'élargissement de la tige (stalk widening) qui est plus approprié.

1. La barrière sans protéines contre l'élargissement de la tige est de l'ordre de 100 kBT ou plus (Free energy analysis along the stalk mechanism of membrane fusion 2015).

Même la présence de trois complexe SNARE sur le site de fusion produit toujours une barrière résiduelle d'environ 70 kBT contre l'expansion de la tige (A tethering complex drives the terminal stage of SNARE-dependent membrane fusion 2017).

Complexe de fusion membranaire
Complexe de fusion membranaire
(Figure : vetopsy.fr d'après Grubmüller et coll)

La fusion dans le régime à faible courbure doit donc reposer sur la génération locale d'une courbure élevée de la membrane (loupe encombrement stérique dans la fusion membranaire).

  • La présence supplémentaire d'un seul complexe d'attache volumineux comme le complexe HOPS associé aux SNARE peut déjà réduire la barrière d'énergie libre contre l'élargissement de la tige à environ 35 kBT en imposant des répulsions stériques sur le site de l'hémifusion.
  • Ces complexes d'attache imposent un emplacement périphérique du complexe SNARE près du bord incurvé de la membrane (le sommet) de la zone de contact/adhésion formée entre les grandes vésicules.

La figure ci-dessous montre la réaction de fusion entre les membranes en réponse à la traction de deux sondes hydrophiles (vert) l'une vers l'autre à travers le centre de la tige, i. e. ce processus imite l'action de la fermeture éclair SNARE où les extrémités C-terminales du domaine transmembranaire hydrophile sont rapprochées.

  • La tige initiale (1) se dilate linéairement (2) avant de se dilater radialement (3 et 4). Une fois la barrière (3) de 17 à 24 kBT franchie, la formation/l'expansion ultérieure du diaphragme d'hémifusion (4) devient spontanée, i.e. région du plateau.
  • L'énergie libre requise est représentée en noir sur le bas de la figure, jaune avec l'ajout de POPE (1-palmitoyl-2-oléoyl-phosphatidyléthanolamine), à effet relativement neutre, et de cholestérol qui augmente marginalement la barrière contre l'élargissement de la tige, de 17 à 24 kBT (loupe Lipides membranaires et tige de fusion).

Les feuillets internes sont représentées en jaune, les feuillet externes en gris et l'exemple montre la situation pour la membrane POPC (1-palmitoyl-2-oléoyl-phosphatidylcholine) pure, i.e. les groupes de tête PC sont représentés en brun.

Expansion de la tige de fusion et mécanisme d’hémifusion
Expansion de la tige de fusion et mécanisme d’hémifusion
(Figure : vetopsy.fr d'après Risselada et coll)

2. Les barrières contre l'élargissement de la tige peuvent être surmonter par :

bien

Ce n'est pas seulement la barrière contre l'expansion de la tige qui constitue un défi dans la fusion synaptique, c'est plutôt l'exigence d'une réaction de fusion rapide, i.e. en quelques millisecondes et exclusivement sans fuite.

La machinerie de fusion peut appliquer activement une telle réaction de deux manières.

a. Soit, elle peut imposer une proximité étroite du feuillet interne en soumettant une force ponctuelle sur le feuillet, par exemple, via les domaine transmembranaire (TMD) des SNARE.

b. Soit, elle peut activement condenser les feuillets externes près du site de fusion, par exemple via la condensation de lipides chargés négativement en présence de Ca++.

  • La présence des liens des protéines SNARE chargés positivement, qui se localisent près des groupes de tête lipidiques, peut en outre contribuer à une telle condensation électrostatique.
  • La machinerie de fusion synaptique rapide semble impliquer une condensation (locale) des feuillets externes pour imposer l'élargissement de la tige.

3. L'élargissement de la tige lors de la fusion virale est spéciale car les protéines de fusion virales sont apparemment incapables d'exercer une force mécanique directe sur les deux feuillets internes de la tige, car cela nécessiterait que leurs peptides de fusion amphiphiles pénètrent d'abord et traversent complètement la membrane de l'hôte.

  • La tige peut être élargie via la formation d'un " trou " dans la membrane cible à proximité directe de la tige, ce qui provoque la réduction mutuelle de l'énergie libre de la tige et du " trou ".
  • Complexe SNARE neuronal
    Complexe SNARE neuronal
    (Figure : vetopsy.fr d'après Fang et Lindau)
    En raison de la tension excessive de la ligne présente au bord du " trou ", la tige l'encercle rapidement en formant un diaphragme d'hémifusion.
livre

Nous n'aborderons pas ce sujet. Vous pouvez lire le chapitre correspondant dans : How proteins open fusion pores: insights from molecular simulations (2020).

Rôles des protéines
SNARE

Les complexe SNARE peuvent activement surmonter la barrière contre l'élargissement de la tige en imposant mécaniquement une pression locale sur les feuillets internes via les extrémités hydrophiles des domaines transmembranaires (TMD), ce qui facilite leur indentation locale.

  • Ce mécanisme repose essentiellement sur un équilibre de force élastique entre la force générale associée à la croissance de la surface de la tige et la force ponctuelle imposée par les extrémités des TMD sur les feuillets internes.
  • La contrainte de courbure élevée stockée dans les membranes améliore l'expansion de la tige, cependant, une barrière d'énergie libre significative contre l'élargissement sans fuite de la tige demeure (Membrane Curvature in Synaptic Vesicle Fusion and Beyond 2010).

Rôles des domaines SNARE

1. Lors de la fusion membranaire, les protéines v-SNARE (v pour vésiculaire) et les protéines t-SNARE (t pour target, cible), localisées sur des membranes séparées, forment un assemblage progressif en forme de fermeture à glissière de quatre domaines SNARE, en général un de chaque sous-famille (Qa/Qb/Qc et R), formant le complexe trans-SNARE.

bien

Le complexe trans-SNARE et sa formation est étudié dans un chapitre spécial.

2. Dans le modèle de fermeture à glissière, le faisceau d'hélices du complexe trans-SNARE se serre de plus en plus et impose une force de torsion sur les liens et domaines transmembranaires (TM) de la synaptobrévine 2/VAMP2 (v-SNARE) et de la syntaxine 1 (t-SNARE), rappelons-le chacune attachée à une membrane (How Could SNARE Proteins Open a Fusion Pore? 2014).

Expansion de la tige par les SNARE pour former un pore de fusion membranaire
Expansion de la tige par les SNARE pour former un pore de fusion membranaire
(Figure : vetopsy.fr d'après Risselada et coll)

3. L'hémifusion correspondrait à l'enroulement des seules extrémités N-terminales et s'arrêterait avant celles des extrémités C-terminales (Dissection of SNARE-driven membrane fusion and neuroexocytosis by wedging small hydrophobic molecules into the SNARE zipper 2010 et Hemifusion in Synaptic Vesicle Cycle 2017).

La formation du complexe SNARE peut être arrêtée à l'état semi-zippé par la myricétine, un flavonoïde anti-oxydant, i.e. cet état correspond à l'hémifusion dans la fusion du protéoliposome.

Myricétine et hémifusion
Myricétine et hémifusion
(Figure : vetopsy.fr d'après Heo et coll)

Rôles du lien et du domaine transmembranaire (TMD)

bien

Les rôles du lien et du domaine transmembranaire (TMD) dans la formation du complexe trans-SNARE et le rapprochement de la membrane sont étudiés dans un chapitre spécial.

Insertion du motif juxtamembranaire des v-SNARE
Insertion du motif juxtamembranaire des v-SNARE
(Figure : vetopsy.fr d'après Rathore et coll)

1. Les extrémités C-terminales des TMD sont essentielles pour permettre au complexe SNARE de piloter l'évolution d'un hémifusion intermédiaire comme une tige(Thermodynamically reversible paths of the first fusion intermediate reveal an important role for membrane anchors of fusion proteins 2019).

Même lorsque les membranes sont à de petites distances de séparation intermembranaires, la barrière d'énergie libre pour former la structure de la tige est comprise entre 17 et 24 kBT.

  • Les TMD des SNARE peuvent induire une réduction substantielle (∼10 kBT) de l'énergie libre de la formation de la tige et de la barrière contrôlant sa transition vers un pore de fusion.
  • Cela est dû à l'amincissement local de la membrane, fossette pré-tige, imposé par les TMD à proximité de la structu
  • re de la tige fortement courbée.
  • Cet effet peut être relativement indépendant de la séquence, mais liées à la longueur hydrophobe effective du TMD, i.e. le TDM peut exprimer un décalage hydrophobe avec la membrane, de sorte que sa longueur est mieux adaptée dans un pédoncule que dans une simple bicouche.

2. La distance entre les membranes est le déterminant le plus crucial de l'énergie libre de la tige.

bien

La forme des lipides joue un rôle crucial pour surmonter la répulsion d'hydratation entre deux membranes et diminue le travail total requis pour former une tige

Lipides membranaires et tige de fusion